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Calculez votre point mort et gagnez en visibilité

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Connaissez-vous votre point mort? Derrière ce terme imagé, se cache un concept vital pour déterminer la rentabilité de votre entreprise.

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Comment faire pour rentrer dans vos frais? Pour le savoir, vous devez calculer votre point mort, appelé aussi seuil de rentabilité ou chiffre d'affaires critique. «Cet indicateur détermine le niveau d'activité qui permet de couvrir les charges de structure de l'entreprise», explique Philippe Cohen, directeur technique du groupement d'experts-comptables France Défi. Autrement dit, c'est le chiffre d'affaires pour lequel l'entreprise ne fait ni pertes, ni bénéfices. Pour l'obtenir, il faut d'abord faire le distinguo entre les charges fixes et les charges variables qui composent vos coûts. Les premières sont incompressibles (loyers, salaires, frais généraux...), tandis que les secondes dépendent directement de votre activité (achat de matières premières, coûts de transport...). Le point mort est atteint lorsque la marge sur charges variables (l'excédent du chiffre d'affaires sur les charges variables) couvre les charges fixes.

STEPHANE BENAYOUN, dirigeant de SBP Audit et Conseil

Le point mort est un indicateur primordial pour piloter votre activité et prendre des décisions avec un minimum de visibilité.

Comment le calculer? Partez de votre compte de résultats, pour en extraire votre niveau de charges fixes et votre taux de marge sur charges variables. Vous pourrez ensuite déterminer votre point mort en procédant à un calcul très simple, comme dans les exemples chiffrés des tableaux (1) et (2). Vous pouvez aussi convertir cet indicateur en valeur temps. Si votre chiffre d'affaires se répartit de manière homogène sur toute l'année, au bout de combien de mois atteignez-vous le point mort? Point mort = 550 KEuros

CA réalisé l'année précédente sur 12 mois = 1 000 KEuros

Point mort en nombre de mois = (point mort x 12 / CA de l'année précédente) = 550 x 12 /1000 = 6,6 mois, soit 6 mois et 18 jours. Au-delà de 6 mois et 18 jours, vous devenez donc bénéficiaire, sous réserve que votre CA soit homogène sur toute l'année.

Comment exploiter ce chiffre? «C'est un indicateur primordial pour piloter votre activité et prendre des décisions avec un minimum de visibilité», assure Stéphane Benayoun, qui dirige le cabinet d'expertise comptable SBP Audit et Conseil. Vous pourrez ainsi savoir si le «gros contrat» décroché l'an passé contribue réellement aux bénéfices de votre entreprise. S'il génère des pertes, vous connaîtrez le niveau de chiffre d'affaires à conquérir l'année suivante pour atteindre l'équilibre. A contrario, si le point mort est dépassé (et donc si l'activité est rentable), vous connaîtrez votre marge de manoeuvre pour prendre des parts de marché à la concurrence.

Paradoxalement, le calcul du point mort peut aussi vous inciter à garder des activités peu rentables, voire carrément déficitaires, pour vous permettre d'absorber les charges fixes. Prenons l'exemple d'une société qui fabrique trois articles (A, B et C): A et B sont rentables tandis que C atteint à peine l'équilibre. Vous pourriez être tenté d'arrêter le produit C et ne maintenir que les deux activités rentables. «Erreur, prévient Philippe Cohen (France Défi). Parce qu'en agissant ainsi, vous risquez aussi de compromettre la rentabilité de A et B, qui supporteraient alors la part de charges fixes auparavant absorbée par C.» L'équation n'est donc pas toujours si simple. D'autant plus que le seuil de rentabilité n'est pas un concept figé. Vous devrez le recalculer à chaque changement dans la structure de vos coûts. «Encore faut-il bien cerner ses coûts pour ne pas verser dans l'approximation, qui ôte toute fiabilité à ce calcul», poursuit l'expert-comptable. «C'est la principale difficulté, admet Stéphane Benayoun. Surtout quand vous devez répartir vos coûts fixes entre plusieurs activités.» Pas facile d'imputer au plus juste vos honoraires d'avocat ou d'expert-comptable sur chaque ligne de produits, même avec une comptabilité analytique sophistiquée. Sans compter que de nombreux coûts sont semi-variables. Il y a l'exemple classique des factures téléphoniques, dont l'abonnement est fixe et les consommations variables. Ou celui de l'énergie (électricité, gaz...), que des clauses contractuelles ne rendent que très partiellement variables.

Décider de l'opportunité de conclure une affaire. En outre, malgré leur appellation statique, les frais fixes n'ont rien d'immuable. «Ils augmentent traditionnellement par paliers, indique Stéphane Benayoun. Si votre activité se développe au point de nécessiter de nouveaux recrutements, ou si vous déménagez dans des locaux plus spacieux, il faudra bien entendu recalculer vos frais fixes, qui augmentent d'autant.» Par exemple, si pour conquérir un nouveau marché, l'entreprise doit investir et augmenter ses frais fixes, la prise en compte du point mort permet de décider de l'opportunité de conclure cette affaire. Reprenons le même exemple chiffré exposé plus haut. Le tableau (3) ci-dessus fait ressortir le nouveau point mort pour un accroissement de charges fixes de 100 KEuros.

Si vous voulez continuer à réaliser 180 KEuros de bénéfices, il vous faudra atteindre un chiffre d'affaires de: CA= (CF+180)/MCV = (320 + 180)/40% = 1250 KEuros. Par rapport à la première hypothèse (CA = 1 000 KEuros), vous devrez générer 250 KEuros de chiffre d'affaires supplémentaires.

Admettons que vous ne réussissiez à dégager qu'un surplus de 150 KEuros de chiffre d'affaires, pour la même augmentation de charges fixes, votre résultat avant impôt ne sera alors que de 140 KEuros comme l'indique le tableau (4). Votre profit se retrouve ainsi amputé de 40 KEuros. «Augmentation de chiffre d'affaires ne rime pas toujours avec amélioration de la rentabilité», rappelle Philippe Cohen (France Défi).

La question qui se pose alors est de savoir s'il faut prendre ce marché ou non, et risquer cette baisse du résultat. L'hypothèse de capter un autre marché, sans nouvel accroissement des frais fixes, est-elle envisageable ou non? La réponse relève du savoir-faire du dirigeant et de sa connaissance de son marché.

A SAVOIR
Les différents types de coûts

Olivier Avril, gérant associé d'Acting-Finances, une société de direction financière à temps partagé, inventorie les différents types de coûts, qu'ils soient fixes ou variables.


- Les coûts complets
Dans le calcul d'un coût complet la totalité des charges directes et indirectes de l'article fabriqué est prise en compte. Et ce pour chaque phase allant de l'achat des matières jusqu'à la vente des produits finis. Chacune de ces étapes a un coût: coût d'acquisition, de production, de distribution, de commercialisation, de gestion...
- Les coûts directs (Direct Costing)
Ils regroupent d'une part les coûts variables directement liés à l'article concerné et d'autre part, les coûts fixes spécifiques au produit ou service.
Les coûts «standards» ou préétablis.
Le coût standard d'un produit ou d'un service est celui qui est calculé par avance, pour l'année suivante par exemple. Il suppose un système d'information adapté et une connaissance précise des composantes des produits ou services: le système informatique fournira le cadre pour la gestion des gammes (temps nécessaire à chaque étape), des nomenclatures (liste des composants et opérations de soustraitance), des composantes du taux horaire du personnel, etc. La fiche standard de chaque article regroupera toutes ces informations.
Les coûts par activité (ABC)
La méthode des coûts par activité ou (Activity Based Costing) est apparue pour mieux accompagner la profonde transformation des modes de production, notamment leur complexité croissante. Son but est de retrouver dans le coût du produit tous les éléments du processus qui concourent à son élaboration. Ainsi, pour les ventes, les activités seront la réalisation des devis, la prise de commande, la facturation... On y ajoutera les ressources pour chaque activité qui recouvrent le temps passé par les services commerciaux, logistiques...

 
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Houda El Boudrari

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