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Faut-il limiter l'accès Internet de vos salariés ?

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Les salariés surfent près d'une heure par jour à des fins personnelles, pendant leur temps de travail. Un comportement qui peut jouer sur la productivité générale de l'entreprise. Pour autant, le filtrage de la connexion web est-il la solution ?

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Près d'une heure et demie par jour. C'est le temps que passent, en moyenne, les salariés sur Internet durant leurs heures de travail, selon une étude réalisée au premier semestre 2009 par Olfeo, une société de filtrage de connexion au Web. Seul hic : 67 % de ce temps, soit 58 minutes par jour, est consacré à des fins personnelles, comme consulter des sites d'informations, écrire des mails, voire aller sur des sites de jeux gratuits. «Et le phénomène s'amplifie avec l'apparition des réseaux sociaux», constate Baptiste Martin, gérant de Matisoft, éditeur de logiciels de sécurité à l'instar du système de filtrage Internet-Limiter. De quoi laisser songeur plus d'un patron de PME.

Des risques multiples. D'autant plus que la baisse de productivité n'est pas le seul risque lié à l'utilisation d'Internet à des fins personnelles. Aller sur des forums, consulter sa boîte mail ou discuter sur des tchats en ligne peut être dangereux pour l'entreprise. En effet, ils sont souvent des nids à virus, pouvant fragiliser le réseau de votre société. Sans parler des téléchargements illégaux. Dans la plupart des entreprises, rien n'empêche un collaborateur peu scrupuleux d'utiliser votre connexion Internet pour récupérer des fichiers piratés. Face à ces différentes menaces, quelle est la marge de manoeuvre d'un dirigeant ? L'utilisation de la connexion internet d'une entreprise à des fins personnelles est tolérée. Cependant, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) estime que celle-ci doit rester «raisonnable». Ainsi, le 18 mars 2009, la Cour de cassation a donné raison à une entreprise qui avait licencié pour faute grave un salarié ayant passé 41 heures sur le Web «à des fins non professionnelles» pendant un mois.

Quelles solutions ? La plus courante consiste à responsabiliser les salariés. Avec une charte d'utilisation du Web, par exemple. Ou, plus simplement, par des piqûres de rappel faites par les managers. Si, malgré ce travail préventif, vous constatez encore des abus, vous pouvez mettre en place un système de filtrage. En préambule, sachez que les dispositifs et modalités de contrôle doivent être portés à la connaissance du comité d'entreprise et des salariés. Concrètement, la mise en place d'un logiciel ou d'une «box», selon le prestataire, permettra d'empêcher les salariés d'aller sur certains sites précis. «Des interdictions qui peuvent être limitées aux seules heures ouvrées. Par exemple, vous pouvez supprimer les restrictions entre 12 heures et 14 heures», précise Baptiste Martin (Matisoft).

Faites cependant attention. La mise en place du filtrage peut être mal perçue par vos salariés. Ils peuvent se sentir infantilisés, voire, dans le pire des cas, assimiler cette démarche à un manque de confiance. Une véritable source de démotivation pour vos équipes. En outre, ce choix

a un coût. Selon le prestataire, une entreprise disposant de 100 postes de travail devra débourser entre 1 000 et 5 000 euros par an. Une somme qui, sans être exorbitante, aurait probablement pu être allouée à un investissement plus stratégique.

NON Mes salariés n'abusent pas de leur connexion à Internet JÉRÔME MAUDUIT, p-dg d'Open2Europe

Avant de prendre sa décision, Jérôme Mauduit a dû peser longuement le pour et le contre. Car, de l'aveu même du p-dg d'Open2Europe, une agence de communication, «un dirigeant se pose forcément des questions quand il sait qu'un salarié peut passer une heure par jour sur des sites personnels». Finalement, plusieurs raisons l'ont poussé à ne pas filtrer sa connexion Internet. Tout d'abord, un frein technique. «Il y a plus de 20 nationalités différentes dans mon entreprise. Vouloir filtrer toutes les adresses URL serait beaucoup trop compliqué», souligne-t-il. Deuxième motif : son secteur d'activité. Le p-dg sait que ses salariés ont besoin, pour leur travail quotidien, «de se tenir informés, d'acheter des billets de train et d'avion, voire d'aller sur les réseaux sociaux». Surtout, Jérôme Mauduit estime que ses collaborateurs «n'abusent pas de leur connexion». Il trouve enfin logique que certains aient besoin de faire des pauses et, plutôt que de fumer une cigarette ou de boire un café, passent un peu de temps sur la Toile. «Mais je n'exclus pas de filtrer la connexion si, un jour, le contrat de confiance avec mes collaborateurs venait à être rompu», conclut-il.

OPEN2EUROPE Repères

IACTIVITÉ : Agence de communication européenne
VILLE : Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
FORME JURIDIQUE : SAS
DIRIGEANT : Jérôme Mauduit, 47 ans
ANNÉE DE CREATION : 2001
EFFECTIF : 70 salariés
CA 2009 : 3,5 MEuros
RN 2009 : 200 kEuro

OUI Les sites de divertissement sont bloqués pendant les heures de travail THIERRY ROUQUET, président d ' arkoon

«Nous utilisons massivement Internet.» C'est ce qu'explique, en préambule, Thierry Rouquet, président d'Arkoon, une société spécialisée dans la sécurité informatique. Très rapidement, le dirigeant a choisi de filtrer la connexion de son entreprise. Ainsi, certains sites sont inaccessibles pendant les heures de travail des salariés. Il s'agit des sites de banques, de jeux en ligne, d'informations sportives et d'e-commerce. «Nous leur laissons toutefois l'accès à leur boîte mail personnelle», précise le chef d'entreprise. Plusieurs raisons l'ont conduit à installer ces verrous. La première concerne la productivité. Deuxième argument : Thierry Rouquet ne veut pas que le surf personnel consomme une trop grande partie de la bande passante de l'entreprise. «Car augmenter le débit coûte relativement cher», indique-t-il. En outre, le dirigeant estime qu'il est du devoir de l'entreprise de restreindre l'accès à des sites «immoraux», tels que des sites de jeux illégaux, à caractère pornographique, voire terroriste. Dernier argument mis en avant : le regard de ses clients. «Ils ne comprendraient pas qu'une entreprise de sécurité informatique ne mette pas tout en oeuvre pour se protéger des attaques extérieures et des virus», affirme Thierry Rouquet. Enfin, le chef d'entreprise affirme que sa décision n'a pas été mal perçue par les salariés, « qui ont pourtant, pour la plupart, moins de 30 ans». La clé du succès ? « Une bonne communication, une approche pédagogique et un filtrage bien ciblé», conclut-il.

ARKOON repères

ACTIVITÉ : Editeur de solutions de sécurité informatique
VILLE : Lyon (Rhône).
FORME JURIDIQUE : SA
DIRIGEANT : Thierry Rouquet, 50 ans
ANNÉE DE CRÉATION : 2000
EFFECTIF : 110 salariés
CA 2009 : 11 MEuros

 
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Julien van der Feer

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