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Faut-il recruter ses salariés chez des concurrents?

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Chasser les talents chez des entreprises rivales comporte de nombreux avantages: ces salariés connaissent votre secteur d'activité, disposent d'un carnet d'adresses et sont opérationnels rapidement. Mais cette méthode de recrutement coûte relativement cher et peut être juridiquement risquée.

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La tentation est forte, surtout en période de crise, de recruter des collaborateurs chez ses concurrents directs. Pour le chef d'entreprise, c'est l'assurance de pouvoir compter sur « une personne efficace très rapidement », affirme Olivier Cruchot, directeur d'Alliances Conseils International, un cabinet de conseil en recrutement et administrateur du Club des chasseurs de têtes. Pour l'expert, il est intéressant de débaucher des salariés pour des fonctions-clés de l'entreprise, notamment des cadres dirigeants ou des commerciaux. C'est aussi le cas pour les PME situées sur un marché de niche qui ont besoin de compétences très spécifiques. Reste que «partir à la chasse» suppose de faire appel à un cabinet de recrutement spécialisé, ce qui demande un budget conséquent. La prestation est en effet facturée aux alentours de 25 % du salaire brut annuel du poste à pourvoir. En outre, vous devrez inciter la personne à quitter sa société pour vous rejoindre. Si plusieurs arguments peuvent être mis en avant (nouvelle fonction, nouveau challenge, évolution au sein de l'entreprise, qualité de vie...), vous devrez aussi casser votre tirelire. « En effet, les candidats chassés sont prêts à prendre le risque du changement mais avec une compensation financière significative », assure Olivier Cruchot (Alliances Conseils International). Attention à ne pas déséquilibrer votre grille salariale, ni à créer des tensions au sein des équipes déjà en place.

Débaucher des salariés peut aussi être considéré comme une attaque directe par vos concurrents. « Une guerre des talents risque de faire naître des conflits entre des entreprises rivales », prévient Jean-Christophe Le Feuvre, p-dg de Piana HR Group, un cabinet de recrutement et de gestion de carrières. Un aspect à prendre en compte, surtout si les relations avec vos concurrents étaient jusque-là plutôt sereines.

Rester dans la légalité.

Cette démarche peut également comporter un risque juridique. « Cela peut être assimilé à de la concurrence déloyale. Dans le pire des cas, vous pouvez être condamné à verser des dommages et intérêts », explique Jean-Christophe Le Feuvre.

Dans les faits, cette pratique est rarement sanctionnée par les tribunaux car il est difficile de prouver que le candidat n'était pas sur le point de partir avant d'être contacté. Seul cas vraiment litigieux: le débauchage d'une équipe entière. Vous limiterez les risques en passant par un cabinet de recrutement car, en cas de problème, vous serez moins visible. Dernier frein à cette pratique: la clause de non-concurrence. Pour être licite, elle doit être limitée dans le temps, dans l'espace et rémunératrice. Dans un premier temps, vérifiez que la clause inscrite dans le contrat du salarié que vous cherchez à débaucher est légale. Ensuite, essayez de savoir quels sont les usages de «l'entreprise cible». « Souvent, les employeurs ne payent pas la contrepartie financière lorsqu'un collaborateur décide de les quitter. La clause est donc immédiatement levée », souligne Jean- Christophe Le Feuvre (Piana HR Group). Des précautions nécessaires si vous ne voulez pas être assigné par votre concurrent.

C'est comme réaliser une opération de croissance externe

XAVIER DOMENACH, dirigeant de La Route Bleue
OUI
L'avis de Xavier Domenach, à la tête de La Route Bleue, une société de location de voitures, est tranché: « Je ne vois pas pourquoi une PME n'irait pas chasser des talents chez ses concurrents. » Au-delà des paroles, le chef d'entreprise est passé à l'acte. En début d'année, il a débauché un responsable commercial régional d'un grand loueur. « J'espère gagner rapidement des parts de marché sur la région en profitant de son expérience et de son carnet d'adresses», explique-t-il. Pour lui, recruter chez des concurrents directs, c'est « comme réaliser une opération de croissance externe ».
Concernant la méthode, le dirigeant n'est pas passé par un cabinet de recrutement. Il a simplement parcouru les réseaux sociaux professionnels (LinkedIn, Viadeo, Copain Pro...) à la recherche de la perle rare. Ensuite, il a mis l'accent sur les possibilités d'évolution dans sa société et la meilleure qualité de vie: « Dans un grand groupe, une personne peut être mutée dans une autre région du jour au lendemain. Avec ma proposition d'embauche, je stabilise sa situation », souligne le patron. Quant au salaire, Xavier Domenach n'a pas eu à casser sa tirelire: « Il est proche de celui des commerciaux confirmés déjà en place. » Une opération rondement menée.

LA ROUTE BLEUE - Repères

- ACTIVITE : Location de voitures
- VILLE : Annecy (Haute-Savoie)
- FORME JURIDIQUE : SAS
- DIRIGEANT : Xavier Domenach, 42 ans
- ANNEE DE CREATION : 1991
- EFFECTIF : 30 salariés
- CA 2009 :5 MEuros

Nous ne voulons pas de salariés formatés

BASTIEN DUCLAUX, p-dg et fondateur de Twenga
NON
« Nous évitons scrupuleusement de débaucher des salariés chez nos concurrents. » C'est ce qu'explique, sans détour, Bastien Duclaux, p-dg de Twenga (comparateur de prix sur Internet). Les raisons sont multiples. La première s'inscrit dans un contexte d'intelligence économique: la PME se situe sur un secteur très concurrentiel et doit se battre contre des grands noms tels que Kelkoo.fr (groupe Yahoo! jusqu'en 2008) ou Acheterfacile.com (groupe M6). Si, depuis sa création, l'entreprise tire son épingle du jeu, c'est grâce à sa technologie: « Notre moteur de recherche est en avance sur celui de nos concurrents directs, affirme le dirigeant Nous référençons plus de produits et de sites marchands qu'eux. » Le dirigeant craint des fuites sur son savoir-faire « car les salariés gardent souvent des contacts avec leurs anciens collègues de travail ». Par ailleurs, Bastien Duclaux souhaite que le sang neuf injecté dans son entreprise apporte des idées nouvelles. Il recherche donc des profils qui ne connaissent rien au secteur des comparateurs de prix, « qui n'ont pas été formatés chez nos concurrents ». Le chef d'entreprise se concentre plutôt sur des profils «très qualifiés», issus des éditeurs de logiciels ou du e-commerce. « Par exemple, nous venons de recruter une personne de chez Microsoft », précise l'entrepreneur. Cette année, Twenga va embaucher 30 collaborateurs pour soutenir sa croissance tous azimuts. La PME vise un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros en 2010, soit une croissance de 100 %.

TWENGA - Repères

- ACTIVITE : Moteur de recherche spécialisé en shopping
- VILLE : Paris (IIe arr.)
- FORME JURIDIQUE : SA
- DIRIGEANT : Bastien Duclaux, 35 ans
- ANNEE DE CREATION : 2006
- EFFECTIF : 90 salariés
- CA 2009 : 7,5 M euros
- RESULTAT NET 2009 : 1,8 M euros

 
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Julien van der Feer

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