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Ils s'engagent dans UN RESEAU PROFESSIONNEL

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En s'impliquant dans une organisation professionnelle, les dirigeants de PME entendent réunir leurs forces pour défendre leurs intérêts. Et étoffer leur réseau de connaissances.

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LAURENT DEMEURE, p-dg du groupe Demeure et fondateur de l'Alliance des professionnels de l'immobilier

Fonder une association demande beaucoup de temps et d'énergie. Il faut veiller à ne pas «délaisser» son entreprise.

Entreprendre au féminin, Club des jeunes entrepreneurs, Association limousine des professionnels des nouvelles technologies... Entre tous ces réseaux de dirigeants, Barbara Champeau de l'Arbre, fondatrice d'Imaginance, une agence de communication interactive de 7 salariés, a bien du mal à faire un choix. Et pour cause: tout lui semble utile . «S'engager dans un réseau professionnel ne va pas toujours de soi quand on dirige une PME, reconnaît- elle. Pourtant, avec le développement des nouvelles technologies, les entreprises ne peuvent plus se passer de communiquer, ni les patrons désintéresser à leur environnement.» Néanmoins, cette entrepreneuse de 33 ans le reconnaît volontiers, faute de temps, elle ne peut participer qu'aux projets qui l'intéressent vraiment. Elle se montre particulièrement friande des débats animés par les membres du Club des jeunes entrepreneurs, qui portent sur des sujets relativement larges. Chaque mois, elle consacre deux jours à des activités qui sortent du strict cadre de son entreprise. «Une nécessité pour s'informer et débattre entre professionnels», estime-t-elle. C'est aussi l'avis de Philippe Bazin, coach chez Krauthammer International et coauteur du Petit manuel d'autocoaching. Pour lui, le manque de temps n'est pas une excuse valable. «Assaillis par les obligations, beaucoup de dirigeants se montrent réticents à prendre des responsabilités en dehors de leur entreprise. Pourtant, avoir un business florissant n'est pas incompatible avec un engagement syndical.»

Aux prises avec les affaires quotidiennes de leur société, les chefs d'entreprise ont rarement l'occasion d'échanger avec leurs pairs. «Tout ce qui peut les aider à vaincre leur solitude et à imaginer l'avenir sur le long terme ne peut leur être que bénéfique», poursuit Philippe Bazin. En témoigne l'exemple de Jean-Marc Barki. Le dirigeant de Sealock, une PME de 20 personnes spécialisée dans la fabrication de colles industrielles, a pris cette année la vice-présidence de la Fédération européenne des colles et adhésifs (Feica). Depuis, il avoue «cogiter» en permanence: «J'ai une vision plus large du marché, ce qui me permet de piloter mon entreprise plus intelligemment.» Un exemple? Au détour d'une conversation, Jean-Marc Barki a appris que, dans l'automobile, certains segments sont ouverts aux PME. Une perspective de marché qu'il compte bien exploiter à l'avenir. Outre les bénéfices qu'il retire de son engagement, le dirigeant de Sealock entend marquer de son empreinte son passage dans les hautes instances du syndicat. Ses objectifs? Revaloriser l'image d'une profession - les fabricants de colle - accusée de polluer. Pour beaucoup de patrons, un syndicat professionnel a d'abord pour vocation de communiquer auprès des pouvoirs publics. Et de faire valoir des revendications. Ainsi en va-t-il de Patrice Antoine, trésorier de l'Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles (Unostra), en Champagne Ardennes. Aux commandes d'une PME de 45 salariés, il souhaite jouer un rôle d'interface entre ses collègues et les hautes instances de l'Etat. «Si tous les dirigeants de ma branche s'impliquaient dans les syndicats, nous aurions plus de facilité à harmoniser la réglementation sociale et fiscale européenne», estime-t-il.

Plutôt que de défendre une profession, certains chefs d'entreprise aspirent à défendre les intérêts d'un territoire. C'est le cas de Jean-Marie Lambert, gérant d'Ancos, une PME de 13 salariés spécialisée dans les fixations lourdes pour le BTP, et vice-président Industrie de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) des Ardennes. Face aux difficultés rencontrées par les PMI régionales, qui subissent de plein fouet les délocalisations des grands donneurs d'ordres, il a décidé de réagir. En mai 2006, le dirigeant fonde la société Ascott's. Objectif? Fédérer les sous-traitants locaux pour répondre en un seul nom aux commandes des grands donneurs d'ordres. «Je les ai aidés à nouer des partenariats avec la Chambre de commerce et à se faire connaître des Conseils généraux. Etant vice-président de la CGPME, je représente l'ensemble des entreprises de la région et j'ai plus de poids auprès des autorités locales pour faire passer mes idées», reconnaît-il.

Bien gérer son temps.

Pour mener à bien ce projet, Jean-Marie Lambert estime avoir passé, en un an, plus de 2000 heures en réunions et tables rondes. Heureusement pour lui, deux coéquipiers le secondent dans la gestion quotidienne de son affaire. Mais ce n'est pas toujours le cas. Laurent Demeure, p-dg du groupe d'agences immobilières du même nom, a pu mesurer les dangers d'une trop forte implication en dehors de l'entreprise. Désireux de reproduire l'exemple de ses confrères américains, il a fondé une association, l'Alliance des professionnels de l'immobilier. Le but? Constituer une base de données commune aux professionnels de son secteur. «Se donner un nouveau challenge, c'est bien, mais cela demande beaucoup d'énergie. Il y a toujours un risque de se détourner de son entreprise.» Après deux années passées à démarcher les professionnels de l'immobilier pour les convaincre d'adhérer à son projet, Laurent Demeure a levé le pied. Mais il ne regrette pas l'expérience. Nouer des liens avec des acteurs de son secteur, étoffer son réseau, réfléchir sur les contraintes de sa profession constituent autant d'atouts pour ce chef d'entreprise. A fortiori dans les métiers émergents. «En l'an 2000, les prestataires en nouvelles technologies avaient besoin d'obtenir la reconnaissance des décideurs publics», se souvient Barbara Champeau de l'Arbre. En acceptant la présidence d'Aliptic, l'association des professionnels du Web du Limousin, la dirigeante a le sentiment d'avoir pesé sur la politique régionale. «No us no us sommes mobilisés pour que les entreprises situées hors de l'agglomération soient raccordées à l'Internet haut débit. Comme nous représentons près de 350 emplois, nous sommes un interlocuteur incontournable.»

Philippe Bazin, coach et auteur du Petit manuel d'autocoaching:

«Business et engagement syndical ne sont pas incompatibles.»

AVIS D'EXPERT
S'engager doit être un acte de foi
JEANLUC PLACET, p-dg du cabinet de conseil IDRH et président du Syntec conseil en management

Question engagement Jean-Luc Placet sait de quoi il parle. P-dg du cabinet de conseil en management IDRH, il cumule les étiquettes au sein d'organisations professionnelles, tant au bureau exécutif du Medef, qu'au Conseil économique et social (CES) ou encore au Syntec... «Je suis au Medef pour promouvoir la profession, au CES pour approfondir certains sujets et au Syntec pour aider les jeunes qui se lancent.» Pour lui, s'engager est d'abord un «acte de foi»: «Il faut avoir envie de s'impliquer car cela implique de travailler plus. Si un chef d'entreprise s'engage simplement par vanité, il ne fera pas les efforts nécessaires pour mener de front travail et devoirs syndicaux.» Car pour prendre des responsabilités en dehors de son entreprise, encore faut-il savoir s'organiser. Le risque étant de faire passer son rôle de dirigeant au second plan. «Le chef d'entreprise ne doit pas perdre le contrôle de sa société. Il doit continuer à assister aux réunions collectives et à faire passer les entretiens annuels.» Cela dit, les avantages d'adhérer à des organisations professionnelles ne manquent pas. «C'est une formation permanente. En plus, c'est une façon pour moi de payer mes dettes envers une profession que j'exerce depuis 27 ans et qui m'a beaucoup aidé.»

 
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Hélène Duvigneau

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