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La réforme des retraites va-t-elle assez loin?

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La loi du 10 novembre 2010 apporte des changements importants au système des retraites par répartition. Elle repousse notamment l'âge légal de départ à 62 ans d'ici à 2018.

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C'est certainement la mesure la plus emblématique, voire la plus importante du quinquennat de Nicolas Sarkozy. La loi sur la réforme des retraites est parue au Journal officielle 10 novembre 2010. L'objectif? Atteindre l'équilibre financier du système dans huit ans. Il est, aujourd'hui, déficitaire de 32 milliards d'euros. Principale mesure de la loi: l'allongement de l'âge légal de départ à la retraite. Il passera de 60 à 62 ans d'ici à 2018, à raison d'une augmentation de quatre mois par an à compter du 1er juillet 2011. Parallèlement, l'âge de départ permettant d'obtenir une retraite à taux plein - quel que soit le nombre de trimestres de cotisation est, lui aussi, revu à la hausse. Il sera progressivement relevé à partir de 2016 afin d'atteindre 67 ans en 2023 (65 ans actuellement). La durée de cotisation est aussi augmentée. Pour la justifier, le gouvernement s'est appuyé sur l'allongement de la durée de vie. Elle passera à 41 ans et un trimestre à partir de 2013 et à 41,5 ans en 2020, conformément aux prévisions d'augmentation de l'espérance de vie effectuées par l'Insee.

La pénibilité prise en compte. L'une des revendications des syndicats de salariés, hormis la sauvegarde du départ à la retraite à 60 ans, est la prise en compte de la pénibilité au travail. Une demande entendue par le gouvernement. Ainsi, les personnes souffrant d'une incapacité physique égale ou supérieure à 20 % pourront cesser de travailler à 60 ans avec une retraite à taux plein, à condition que cette inaptitude soit bien liée à l'environnement de travail, ainsi qu'à l'exposition à des facteurs de pénibilité. L'aval d'une commission est alors nécessaire. Dans certains cas, un taux d'incapacité physique de 10 % sera suffisant pour bénéficier d'un départ anticipé. Quant aux entreprises d'au moins 50 salariés qui n'auront ni accord ni plan d'action relatifs à la prévention de la pénibilité au travail en 2012, elles subiront une pénalité de 1 % assise sur les rémunérations versées aux salariés concernés. Autre sanction instaurée par la loi: celle concernant l'égalité homme-femme. Les sociétés d'au moins 50 salariés sans accord ni plan d'action spécifiques subiront, elles aussi, une pénalité de 1 % sur les salaires versés dès le 1er janvier 2012. Par ailleurs, la loi prend en compte les carrières longues. Ainsi, les salariés ayant commencé à travailler avant 17 ans pourront partir à la retraite entre 58 et 60 ans. Seule condition: avoir cotisé le nombre de trimestres obligatoires, et deux ans supplémentaires.

Une aide à l'embauche des seniors.

Ces mesures vont, à terme, impacter les entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines, notamment des seniors. En 2010, le taux d'emploi des 55-64 ans en France était de 39 %, contre 45 % pour la moyenne européenne. Un pourcentage faible que le gouvernement veut faire évoluer. A cet effet, le législateur a mis en place une aide à l'embauche pour les salariés de plus de 55 ans à la recherche d'un emploi. Elle devrait s'établir à 14 % du salaire versé pendant un an, selon le site gouvernemental Retraite2010.fr. Par ailleurs, la réforme prévoit un renforcement des aides apportées par les fonds de la formation professionnelle au développement du tutorat en entreprise. L'idée étant de renforcer les liens intergénérationnels dans l'entreprise, entre les seniors proches de la retraite et les juniors. Au-delà de toutes ces mesures, la réforme va-t-elle régler définitivement le problème de financement du système des retraites? Pour Philippe Burger, associé en charge du département Rémunération et avantages sociaux chez Deloitte Conseil, cabinet d'audit, la réponse est non. «Sans vouloir jouer les Cassandre, cette réforme, nécessaire pour permettre d'équilibrer nos régimes par répartition, ne saurait être la dernière», affirme-t-il. L'expert estime qu'elle permettra « au mieux » de répondre à 30 %, voire 50 % des besoins financiers « tels que le Comité d'orientation des retraites les a anticipés ». De nouvelles mesures seront donc à prendre dans les années à venir.

OUI - Le vieillissement de la population devait être pris en compte
EVELYNE PLATNIC COHEN, gérante de Booster Academy

«Qu'est-ce qui est le plus difficile pour un salarié? Etre mis de côté à 58 ans sans espoir de retrouver un emploi ou travailler jusqu'à 62 ans?», interroge Evelyne Platnic Cohen, gérante de Booster Academy. Pour elle, la réponse est claire: «De nombreuses personnes ont envie de travailler au-delà de 60 ans, notamment dans le secteur tertiaire où les métiers ne sont pas physiques». D'ailleurs, la dirigeante prend comme exemple l'une de ses salariés qui, à 60 ans, «déborde d'énergie et est plus motivée que des jeunes de 20 ans. «C'est pour cette raison qu'elle pense que la réforme des retraites est une bonne chose. Elle rappelle également que la France est «un pays vieillissant» et qu'il est nécessaire de prendre en compte «la pyramide des âges». Travailler plus longtemps est donc obligatoire «afin de sauver le système par répartition», conclut Evelyne Platnic Cohen.

BOOSTER ACADEMY - repères

ACTIVITÉ: Centre d'entraînement intensif à la vente
VILLE : Paris (VIIIe arr.)
FORME JURIDIQUE : SARL
DIRIGEANTE : Évelyne Platnic Cohen, 42 ans
ANNÉE DE CRÉATION : 2004
EFFECTIF : 20 salariés
CA 2010 : 1,8 MEuros
RN 2010 : 150 kEuros

NON - La réforme n'apporte que des solutions comptables
ALEXANDRE DURAIN, p-dg d'Optragroup

Il faut réformer le système des retraites. Mais cela doit passer par une réflexion globale sur l'accompagnement des salariés tout au long de leur carrière. C'est, en substance, ce que pense Alexandre Durain, p-dg d'Optragroup. «La réforme du gouvernement ne pose pas les bonnes questions. L'important n'est pas de savoir à quel âge il faut arrêter de travailler. » Pour le dirigeant, «l'époque où un salarié entrait chez Michelin à 16 ans pour en sortira 60 ans est révolue». La vraie question? Etre capable de suivre une personne pour qu'elle puisse faire un métier adapté à ses envies et ses capacités tout au long de sa vie. « Un salarié veut partira la retraite quand il s'ennuie dans son travail», souligne Alexandre Durain. La solution? Proposer de nouveaux challenges aux seniors, en les formant pour qu'ils changent de poste, ou en leur donnant un rôle de transmetteur de connaissances au sein de l'entreprise. Enfin, ce patron a le sentiment que le débat sur la réforme des retraites a surtout «dressé les salariés les uns contre les autres, en opposant systèmes public et privé ». Les questions de fond «restent en suspens».

OPTRAGROUP - Repères

ACTIVITÉ:
intégration de solutions de gestion et de sites internet
VILLE: Carcassonne (Languedoc-roussillon)
FORME
JURIDIQUE: SAS
DIRIGEANT:
Alexandre Durain, 40 ans
ANNÉE
DE CREATION: 2009
EFFECTIF: 5 salariés
CA 2010: 100 kEuros

SONDAGE
QUE PENSEZ-VOUS DE LA REFORME DES RETRAITES?

245 internautes ont répondu à cette question sur notre site.
- 54,7 % pensent que le vrai problème reste l'employabilité des seniors ;
- Plus de 25 % des sondés estiment que la réforme ne va pas assez loin ;
- 11 % seulement la jugent bonne ;
- 6,5 % affirment que la nouvelle loi ne les concerne pas.
Source: sondage effectué
du 25/10/2010 au 24/11/2010 sur Chefdentreprise.com

 
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Par Julien van der Feer

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