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MAUVAIS ELEVES MAIS GRANDS PATRONS

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Ils n'ont pratiquement pas fait d'études et pourtant ce sont des chefs d'entreprise hors pair. Qui sont ces dirigeants autodidactes qui réussissent dans les affaires? Retour sur ces parcours brillants mais atypiques.

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@ FOTOLIA/ZYK/UOLIR/THENARD/ROBYNMAC/PANDORE/S.SOURY/LD

Ils n'ont pas passé de longues années sur les bancs de l'école. Ils n'ont pas connu l'attente fébrile des résultats du bac et n'ont pas fait d'études supérieures. Et pourtant, ils ont réussi leur vie professionnelle au point d'être aujourd'hui à la tête d'une entreprise. Les «autodidactes» font régulièrement la Une de la presse économique. Parmi les plus célèbres, Gérard Mulliez du groupe

Auchan, Jean-Pierre Bouclier, le créateur du groupe Troc.com, Jean-Claude Bourrelier, p-dg de Bricorama ou encore Xavier Niel, vice-président d'Iliad, maison mère du fournisseur d'accès internet Free. Les dirigeants de PME ne sont pas en reste. Ils sont en effet nombreux à connaître un succès similaire sans être passés par les arcanes de l'université ou des grandes écoles. Selon l'Agence pour la création d'entreprises (APCE), près de 13% des entreprises créées en 2008 l'ont été par des autodidactes. Au sein du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD), on estime que sur les 3 500 adhérents, la moitié ne dispose que du bac. Ces anciens cancres, devenus de brillants entrepreneurs, ont même leurs Victoires. Chaque année, en effet, le cabinet d'audit Mazars et le Harvard Business School Club de France récompensent les performances des chefs d'entreprise qui n'ont pas usé leurs fonds de culotte sur les bancs de l'université. Jusqu'à l'an dernier, la soirée de remise des Victoires des autodidactes avait lieu dans l'enceinte du Sénat. Un clin d'oeil, au passage, au système et aux représentants de l'Etat. Est-ce à dire qu'il faut avoir raté ses études supérieures pour réussir dans les affaires? Pas vraiment. «En France, on reste attaché aux diplômes», constate Marc Pagézy, président du cabinet parisien de conseil en management Eurosearch & Associés. Ce qui n'est pas le cas, par exemple, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, deux pays bien plus ouverts aux profils atypiques.

L'amour du risque. Alors comment ces irréductibles entrepreneurs sans diplôme arrivent-ils aux commandes d'une entreprise? Paradoxalement, cette carrière s'impose souvent à eux comme la seule voie de succès possible. La raison? Les recruteurs, frileux, ont tendance à les regarder de haut... Alors, faute de pouvoir décrocher le job salarié de leurs rêves, certains se lancent en solo. «S'il existe une voie professionnelle accessible sans diplôme, c'est bien celle del'entrepreneuriat , confirme Jérôme Lefèvre, dirigeant d'Infotrafic et président de région Centre-Ile-de-France du CJD. Etre chef d'entreprise, ça ne s'apprend pas sur les bancs de l'école. On peut se spécialiser dans la finance, la vente ou encore les ressources humaines, mais on n'apprend pas à devenir un animateur d'équipes, un visionnaire qui sait faire adhérer ses collaborateurs à un projet d'entreprise. Les écoles forment, en revanche, de très bons cadres dirigeants pour les grands groupes.»

Alors, ces chefs d'entreprise autodidactes sont-ils différents de leurs pairs diplômés? Réussissent-ils mieux ou moins bien? Pour Marc Pagézy (Eurosearch & Associés), «l'aventure entrepreneuriale est plus difficile pour les autodidactes. A défaut de lauriers et de diplômes, ils ne peuvent compter que sur leurs qualités personnelles.» A commencer par leur capacité de travail. C'est en travaillant d'arrache-pied que Julien Vicente est arrivé à la tête de Comely, une PMI de 80 salariés qui fabrique des équipements métalliques pour les ponts routiers. Tout a commencé en 1993, à la suite d'une première expérience malheureuse de salarié qui s'est soldée par un licenciement. Ce dessinateur industriel de 24 ans, sans diplôme mais «formé sur le tas», décide alors de créer sa propre entreprise. Son frère aîné, artisan poseur, l'encourage et lui apporte 3 800 euros tandis qu'une banque lui prête 15 000 euros. Un ami comptable l'aide à rédiger son business plan. Julien Vicente peut alors démarrer: il loue un atelier, achète du matériel et embauche un soudeur manutentionnaire. «Au départ, je passais mes soirées à éplucher la presse professionnelle afin d'identifier des clients potentiels parmi les entreprises de travaux publics», raconte-t-il. En une semaine, Julien Vicente inonde de fax les entreprises de BTP avec un message clair et direct: «Nous fabriquons des garde-corps de ponts, consultez-nous!«La première grosse commande arrive trois mois plus tard: un contrat de 50 000 euros pour un pont chez Eurodisney. Puis, c'est l'effet boule-de-neige. L'atelier tourne à plein régime. Pourtant, les rapports avec le banquier se tendent. «Notre ligne de crédit était épuisée mais nous avions besoin de monter en puissance pour honorer nos commandes. Nous avons donc dû investir tandis que le «cash»peinait à rentrer, compte tenu des délais de paiement.» Finalement, l'entreprise dégage un résultat positif dès le premier exercice. Julien Vicente regagne la confiance de son banquier et poursuit le développement de Comely.

Un esprit curieux. Reste qu'une école permet de se forger une culture en finance, marketing, vente, droit... Dont manquent la plupart de ces dirigeants sans diplôme. Des lacunes qu'ils compensent par un esprit curieux et une incroyable capacité à apprendre sur le terrain. Eric Favre, titulaire d'un simple BEP agricole, est aujourd'hui aux commandes du laboratoire Les Trois Chênes. Sa recette pour apprendre? Dévorer toutes sortes d'ouvrages. Boulimique de magazines et de livres sur les mécanismes financiers, le management, le développement personnel, l'économie et même la politique, il s'y documente et approfondit ainsi sa culture business. «Je ne lis jamais de romans. Uniquement des ouvrages pratiques pour m'ouvrir au monde extérieur», affirme, tout de go, le chef d'entreprise.

De même, plus encore que la moyenne des patrons, les autodidactes ont le goût du risque. «Vierges de tout formatage du système scolaire, ils sont moins frileux», constate Marc Pagézy (Eurosearch?& Associés). Ce que confirme Brigitte Arnaud-Boué, dirigeante de la biscuiterie poitevine Goulibeur. Alors qu'elle a cédé sa première entreprise, Faprena, au groupe Bongrain, elle finit par racheter, quelques années plus tard, l'activité broyé (galette au beurre cha- rentaise) et crée Goulibeur: «Si j'avais trop réfléchi, je ne me serais peut-être jamais lancée. A être trop formé, on perd le sens du risque et on ne fait rien», affirme celle qui clame que «le bonheur est dans l'ignorance!»

Approche pragmatique. Souvent plus libres et capables d'aborder les sujets sous différents angles, ils comblent facilement leur déficit académique en trouvant des solutions originales aux problèmes. «Les dirigeants autodidactes sont souvent plus pragmatiques que ceux issus des grandes écoles, qui ont une vision plus stratégique de l'entreprise et abordent les problèmes en suivant un raisonnement appris sur les bancs de l'école», souligne Jean-Brice de Turckheim, associé chez Mazars, cabinet d'audit et d'expertise. Jérôme Lefèvre (CJD) estime que les affaires sont abordées différemment, sur le mode de l'intuition: «Un autodidacte a une idée, une conviction et il fonce. Face aux difficultés, il apprend sur le tas. L'inconnu ne lui fait pas peur.»

Enfin, pour réussir, ils doivent savoir relever un autre challenge: bien s'entourer. Julien Vicente n'est pas près d'oublier le passage aux 35 heures de son entreprise. «Je n'avais consulté aucun expert, pris aucun avis extérieur, se souvient-il. Du coup, n'ayant pas respecté à la lettre la procédure, je n'ai pas pu bénéficier des aides et des exonérations.» Manque à gagner pour l'entreprise: 150 000 euros. «La pédagogie par l'échec est très formatrice», analyse Julien Vicente. Et visiblement sa théorie semble fonctionner. Comely, son entreprise, a réalisé, en 2008, un chiffre d'affaires de 10,5 millions d'euros ainsi qu'un résultat net de 650 000 euros (6%).

Autre élément décisif dans la réussite d'une carrière professionnelle, et plus encore dans celle d'un dirigeant d'entreprise: la culture du networking, autrement dit le carnet d'adresses. «La réussite d'une entreprise passe par la capacité du dirigeant à mobiliser son réseau», martèle Marc Pagézy (Eurosearch & Associés). Et quoi de mieux que les grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs pour tisser des liens utiles? Ce n'est pas pour rien qu'elles affichent fièrement le nombre d'adhérents à leurs «réseaux d'anciens»... HEC? 43 000. L'EM Lyon? Près de 20 000. Les Arts et Métiers? 24 000 sur le Web. Des relations qui font parfois défaut aux dirigeants autodidactes. Caroline Phillips, autodidacte et dirigeante de Phillips Internet Consulting, une web agency toulousaine, l'a compris depuis bien longtemps. Cette Américaine, arrivée en France à l'âge de 19 ans, investit toutes les «places to be» économiques de sa région. Elle est ainsi présidente de la délégation Femmes chefs d'entreprise des Pyrénées-Atlantiques, vice-présidente du Medef Pays basque et vice-présidente du conseil de développement du Pays basque. «Ces contacts m'ont beaucoup servi pour lancer mon entreprise, se souvient-elle. Lorsque j'avais des interrogations sur les fiches de paie ou des problèmes avec les banquiers, je recevais toujours au moins une dizaine de propositions d'entraide.» Aujourd'hui, elle essaie de renvoyer l'ascenseur.

Formations d'appoint. «Les organisations comme la nôtre sont justement là pour permettre aux dirigeants d'échanger des idées et des savoir-faire, note Jérôme Lefèvre (CJD). C'est aussi un lieu qui leur permet de structurer leur démarche et de se former.» Le Centre des jeunes dirigeants a ainsi mis en place l'école des dirigeants-entrepreneurs Copernic. En deux ans, ils suivent plusieurs modules qui ont pour objectif de «faire émerger les compétences», d'apprendre à «diriger par la diversité» ou encore à «développer la posture de médiation». On est loin de la technique mais bien au coeur de cette volonté de développer, chez les autodidactes, une véritable vision de chef d'entreprise. Le CJD a d'ailleurs décidé de transmettre la fibre entrepreneuriale aux plus jeunes. La délégation du Val-d'Oise organise, par exemple, des «speed meetings» auprès de collèges et de lycées, durant lesquels des dirigeants viennent présenter leur entreprise et proposer des stages. Un moyen de transmettre le virus, en espérant que plus tard, diplômés ou non, ces jeunes auront le goût et l'esprit d'entreprise.

MARC PAGEZY, président du cabinet Eurosearch & Associés

A défaut de lauriers et de diplômes, les dirigeants autodidactes ne peuvent compter que sur leurs qualités personnelles.

TEMOIGNAGE
J'ai dû prouver que je n'étais pas une débutante
CHRISTINE NACRY, dirigeante de Scherzo

Après une expérience «très formatrice» dans la vente de livres en porte à porte, Christine Nacry fait ses premières armes dans la communication dans une entreprise de BTP. «J'étais attachée de direction, ce qui m'a conduite réaliser le journal interne, revoir le logo, organiser la convention annuelle... J'ai donc appris mon métier de communicante sur le tas», se souvient-elle. Puis, après quelques années au conseil régional et au comité régional du tourisme, on lui propose un «grand et beau poste» dans un groupe industriel. Elle refuse et décide de créer son agence de conseil en communication. Malgré un apport de 7 600 Euros en fonds propres, elle peine à convaincre une banque de la suivre. «Les banquiers ne disaient pas ouvertement que c'était en raison de mon manque de diplômes, mais je voyais bien que mon parcours ne les rassurait pas.» Grâce à son tempérament de battante, elle finit par convaincre une banque. Soulagée! Mais à la réception de la première lettre recommandée du fisc, c'est de nouveau la panique. Au bout de trois mois, elle décide de s'appuyer sur les conseils d'un expert-comptable pour la partie administrative, sans pour autant cesser de tenir ses propres comptes. «Avec un peu de bons sens et des tableaux simplissimes, j'ai toujours su où j'en étais financièrement, sans jamais attendre le verdict de l'expert.» Le plus dur a été de refaire ses preuves lors du lancement de son activité et ce «malgré un solide réseau tissé au fil des années quand j'étais salariée». Faute de diplôme, la reconnaissance des clients n'était pas spontanée. Pour contourner le problème, Christine Nacry quitte Lille et part prospecter - avec succès - sur le littoral dunkerquois où personne ne connaît son parcours... Depuis, elle est revenue à Lille, où elle exerce sereinementson activité, sans jamais cacher qu'elle est autodidacte. Au contraire.

SCHERZO - Repères

- ACTIVITE: Agence de conseil en communication
- VILLE: Marcq-en-Barceul (Nord)
- FORME JURIDIQUE: SARL
- DIRIGEANTE: Christine Nacry, 59 ans
- ANNEE DE CREATION: 1990
EFFECTIF: 4 salariés
MARGE BRUTE: 220 kEuros

ZOOM
Trois conseils pour réussir en étant autodidacte

- Se créer des réseaux
Faute d'appartenir au réseau des anciens de telle ou telle grande école, vous avez tout intérêt à vous impliquer dans des associations professionnelles, des groupes réunissant d'autres dirigeants, etc.

- Affirmer son statut vis-à-vis de ses salariés
Les autodidactes sont en général très proches de leurs troupes. «C'est une force mais cela peut aussi devenir un frein», analyse Jean-Brice de Turckheim, associé du cabinet Mazars. Veillez donc à agir en tant que patron.

- Savoir s'entourer
Entourez-vous de collaborateurs efficaces et n'ayez pas de complexes vis-à-vis des plus diplômés. Et si vous êtes bien leur patron, respectez leur fonction. Ainsi, pas question d'entamer des négociations avec les représentants du personnel sans passer par la case RH.

PRATIQUE
Formations et accompagnements pour dirigeants débutants

1- UN TUTORAT POUR FAIRE SES PREMIERES ARMES
L'Institut du mentorat entrepreneurial de la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) propose aux jeunes entrepreneurs (les «mentorés») un accompagnement par un dirigeant expérimenté (le mentor). Le tout durant la phase de croissance de son entreprisi et sur une période de 12 à 18 mois. Chaque binôme se rencontre une fois par mois pour échanger sur les dossiers en cours et répondre aux questions que se pose le jeune entrepreneur. S'il le désire, le «mentoré» peut assister aux Matinales, des ateliers durant lesquels un expert traite d'une problématique entrepreneuriale (la levée de fonds, les formes modernes du management..).
Rens.: www.institut-mentorat.ccip.fr. Le réseau Entreprendre, créé en 1986, compte de son côté 3 000 tuteurs bénévoles. Chaque année, le réseau sélectionne et accompagne 500 entreprises en phase de lancement, grâce, là aussi, à des binômes tuteurs-tutorés.
Rens.: www.reseau-entreprendre.org


2- UN DUO GAGNANT ETUDIANT/DIRIGEANT
L'initiative «Itinéraires d'entreprises«a pour but de faire travailler ensemble un étudiant du mastère spécialisé entrepreneurs de l'ESC Grenoble (www.grenobleem.com) et un dirigeant autodidacte membre du réseau Entreprendre Isère. Grâce à sa formation en alternance, l'étudiant, accompagné du dirigeant, peut suivre un cursus d'immersion à différents stades de la vie d'une entreprise (création, développement, financement, etc.). L'étudiant et l'entrepreneur se penchent ensuite sur une thèse qui aboutit, au final, à l'obtention du mastère spécialisée Entrepreneurs pour le duo. Le dirigeant obtient le diplôme par la voie de la validation des acquis de l'expérience. Cette initiative n'est pas isolée, renseignez-vous donc auprès des écoles de votre région.

3- UNE FORMATION EXPRESS De nombreux organismes proposent aux dirigeants «en herbe» des stages intensifs en finance, pilotage d'une entreprise ou encore leadership. A titre d'exemple, Demos organise un stage de trois jours intitulé «Lire et comprendre le bilan et le compte de résultat», 1 610 euros HT; Cegos, de son côté, propose des stages de trois jours «Direction générale: stratégie», 3 205 euros ou encore «Développer son pouvoir d'influence» (trois jours), 2 190 euros.

BRIGITTE ARNAUD-BOUE, dirigeante de Goulibeur

«Si j'avais trop réfléchi, je ne me serais peut-être jamais lancée. A être trop formé, on perd le sens du risque et on ne fait rien.»

A LIRE
AU BOUT DE LEURS REVES

Ancien chômeur en fin de droits, Jean-Pierre Boudier raconte comment il a construit une affaire de dépôt-vente qui compte désormais 150 points de vente dans six pays.
De chômeur à PDG, par Jean-Pierre Boudier Le Cherche Midi, 2004, 15 Euros

TEMOIGNAGE
L'ambition, ça ne s'apprend pas à l'école!
ALEXANDRE DREYFUS, dirigeant de Chilipay Limited

En 1995, quelques jours après sa majorité, Alexandre Dreyfus quitte le lycée pour se consacrera un business bien plus lucratif: l'informatique. Associé à un jeune diplômé de l'EM Lyon, il lance une web agency qui installe les premières lignes internet dans les entreprises. En 1997, l'agence est revendue au géant Publicis. Le jeune autodidacte ne s'arrête pas en si bon chemin. Il se lance dans un autre projet: Webcity, une sorte de Pariscope en ligne. Il lève des fonds auprès d'Auriga, de Dassault Développement et séduit le business angel Olivier Ginon. «Je les ai persuadés car j'étais moi-même convaincu du bien-fondé de l'affaire. J'avais de l'ambition, et ça, on ne l'apprend pas à l'école.» Mais Alexandre Dreyfus voit trop grand. Huit bureaux, 80 collaborateurs, mais le nombre d'annonceurs et de visiteurs ne suit pas. Grisé par le succès médiatique (notamment un reportage dans Capital, sur M6) et ses relations avec les grands patrons, il s'entête. «Mon erreur a été de ne pas réduire la voilure. J'avais trop confiance en moi et en mon entourage», reconnaît-il. En 2002, c'est le dépôt de bilan. Touché mais pas coulé, Alexandre Dreyfus rebondit, dès 2004, en se lançant dans le business des jeux en ligne depuis Malte. Aujourd'hui, sa société Chilipay Limited affiche plus de 8,3 millions de dollars (5,7 MEuros) de chiffre d'affaires en 2008, contre 2 millions l'année précédente! Et Alexandre Dreyfus mise sur une croissance de 30 à 40% en 2009. Il entend bien profiter de l'ouverture prochaine des jeux en ligne dans l'Hexagone grâce à un partenariat avec Free : «Une fois la licence obtenue, l'opérateur distribuera nos services de jeux et paris sportifs en ligne et nous ouvrira ainsi les portes de 4,3 millions de foyers.» Pas besoin d'avoir fait Polytechnique pour se rendre compte du potentiel!

CHILIPAY LIMITED - Repères

- ACTIVITE: Editeur de sites de jeux en ligne
- IMPLANTATIONS: Londres, Malte
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Alexandre Dreyfus, 31 ans
- ANNEE DE CREATION: 2006
EFFECTIF: 42 salariés
CA 2008: 8,3 millions de dollars (5,7 MEuros)

JEROME LEFEVRE, dirigeant d'Infotrafic et président de région Centre-Ile-de-France du CJD

S'il existe une voie professionnelle accessible sans diplôme, c'est bien celle de l'entrepreneuriat.

AVIS D'EXPERT
Ils sont prêts à tout risquer en créant leur entreprise
JEAN-PHILIPPE BOZEK, coach de dirigeants

«Les dirigeants autodidactes sont souvent complexés de ne pas avoir de diplôme. Ils cherchent en permanence une validation de leurs décisions, observe Jean-Philippe Bozek, coach de dirigeants. Par exemple, ceux que j'accompagne me demandent mon avis sur leurs projets d'association avec telle ou telle personne. Evidemment, ce n'est pas à moi de répondre...» En revanche, l'expert les aide à accepter leurs doutes. Son message: «Leur complexe est en fait une force.» Selon lui, «le fait de douter en permanence, les contraint à davantage réfléchir que les autres. Leurs décisions en sont, au final, meilleures. S'ils cessent de douter, c'est la fin de leur entreprise». Jean-Philippe Bozek leur reconnaît aussi un fort besoin de reconnaissance: «Ils sont prêts à tout risquer en créant leur entreprise, contrairement à des diplômés qui débutent leur carrière dans des fonctions d'encadrement dans des grands groupes et qui risquent de perdre beaucoup s'ils sont confrontés à un échec.»

A LIRE
AU BOUT DE LEURS REVES

Anecdotes et conseils ponctuent l'histoire de Gilles Pélisson et Gérard Dubrule, créateurs du groupe Accor, de la construction de leur premier hôtel, en 1967, sur un terrain en jachère à l'empire hôtelier.
Gilles Pélisson et Gérard Dubrule: l'harmonie du groupe Accor, par Paul-Robert Thomas, Editions Transversales, 2008, 20 Euros.

- LES CANCRES PRENNENT LE POUVOIR

Comment un élève en «échec scolaire» est devenu p-dg? C'est la question à laquelle répond Rodolphe Pedro, entrepreneur au parcours atypique, aujourd'hui à la tête d'une compagnie financière indépendante.
Nous sommes une erreur statistique, par Rodolphe Pedro avec Aziz Senni, L'Harmattan, 2008,17 Euros.

EN CHIFFRES
Le profil des créateurs autodidactes

Selon l'APCE, sur les 330 000 entreprises créées en 2008, 42 000 l'ont été par des autodidactes, soit 12,5%. Parmi eux, 80% sont des hommes. Par ailleurs, 38% de ces dirigeants ont investi le champ de la construction et 11% se sont lancés dans le secteur du commerce de détail. 63% de ces autodidactes ont eu accès à un concours bancaire. Ils ne sont que 19% à avoir rencontré des difficultés pour obtenir un financement et 30% à avoir «peiné» pour les formalités administratives. 60% d'entre eux démarrent avec un capital initial de 80 000 euros. Leurs principales motivations sont le désir d'être indépendant (62%) et le goût d'entreprendre (26%). Leur objectif est prioritairement d'assurer leur propre emploi (62%) et de développer leur activité par les investissements et le recrutement de salariés (33%). Un objectif de vrai dirigeant!

 
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Sylvie LAIDET

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