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Mentorat: un échange de bons procédés

Publié par le | Mis à jour le

Qui mieux qu'un chef d'entreprise aguerri peut accompagner un jeune entrepreneur dans le développement de sa société? C'est de ce constat qu'est né le mentorat entrepreneurial, déployé dans de nombreux réseaux d'entrepreneurs. Les bénéfices de ce dispositif d'entraide sont multiples et réciproques, à condition de bien cadrer ses objectifs et ses limites dès le départ.

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De la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) au Réseau entreprendre en passant par les incubateurs de start-up ou le Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs (MoovJee), le mentorat entrepreneurial a le vent en poupe. S'il peut ressembler sous certains aspects au coaching ou au conseil d'entreprise, ce programme d'accompagnement entre entrepreneurs est un dispositif bien à part. Parce qu'à la différence des conseillers ou des coaches, le mentor est bénévole. Chef d'entreprise aguerri, il transmet de manière gracieuse et désintéressée son expérience et son savoir-faire à un jeune entrepreneur durant, en moyenne, un à deux ans. Le mentorat peut se déployer de manière formelle, via des réseaux ou structures d'accompagnement, ou de façon plus informelle par le biais de son propre réseau professionnel. Dans le premier cas, l'organisation se charge de former votre binôme mentor/mentoré sur la base des compétences recherchées par le mentoré (ex: expertise dans la grande distribution, l'export...). De la régularité des rencontres à la définition des objectifs, la marche de manoeuvre est bien délimitée.

A contrario, si les deux parties ne passent pas par un réseau, elles devront se mettre d'accord sur la durée, les enjeux et les limites de cet échange.

@ © VIOLETKAIPA - FOTOLIA.COM

Gain de temps pour le mentoré

Pourquoi tenter l'aventure du mentorat? En plus de bénéficier de l'expertise et du recul d'un pair sur la situation de sa société, un jeune créateur d'entreprise peut également profiter du réseau de son mentor. C'est le cas d'Alexia de Bernardy, présidente de Filapi (L'Aliclé SAS), réseau de centres ludo-éducatifs dédiés aux enfants de trois à dix ans. Créée en 2004, la PME compte 20 collaborateurs. Entre 2008 et 2010, Alexia de Bernardy suit le programme de mentorat du Réseau Entreprendre 92. Elle est assistée et guidée par Sandra Le Grand, entrepreneure à succès, dirigeante de Kalidea (société créée en 2000 - 200 salariés 60 MEuros de chiffre d'affaires en 2011). « Sandra a investi beaucoup de son temps dans le développement de mon entreprise. Elle n'a pas hésité à revenir sur ses erreurs et les difficultés qu'elle a rencontrées. Il y a quatre ans, elle a accompagné notre revirement stratégique vers le service aux entreprises plutôt qu'aux particuliers. Elle m'a aussi guidée sur le plan stratégique et m'a ouvert son carnet d'adresses que ce soit pour des investisseurs potentiels, des prestataires ou des contacts de journalistes », se souvient la trentenaire. Le mentoré n'est toutefois pas le seul à tirer parti de ce programme. Selon Suzanne Rey, secrétaire générale de l'Institut du mentorat entrepreneurial (IME) rattaché à la CCIP, « le mentor découvre un autre secteur d'activité, des modes d'entrepreneuriat différents. Ce qui est très stimulant tant sur le plan intellectuel que professionnel. Les mentors se sentent utiles et ils en tirent ainsi une grande satisfaction personnelle. » Une vision partagée par Sandra Le Grand (Kalidea). « Ces collaborations me permettent de suivre de près les dernières tendances, l'évolution des habitudes de consommation ou encore les nouveaux marchés », affirme-t-elle.

Suzanne Rey, secrétaire générale, Institut du mentorat entrepreneurial

« Le rôle du mentor n'est pas de conseiller, mais d'être à l'écoute de la personne qu'il accompagne. »

Eviter tout conflit d'intérêts

La relation mentorale est avant tout affaire de confiance. D'où l'importance de respecter certaines contraintes et engagements réciproques. Il est notamment préférable de ne pas connaître son mentor/mentoré sur le plan personnel ou professionnel avant de s'engager dans le processus afin d'éviter un malaise en cas de tensions ou des conflits d'intérêts éventuels. Il est aussi fortement déconseillé au mentor d'investir financièrement dans la société de son mentoré. Le mentor n'est pas un business angel. Il suppose par ailleurs un réel investissement personnel. « Il faut bien connaître le business model de l'entreprise mentorée, s'y rendre régulièrement. C'est chronophage », reconnaît Sandra Le Grand. Ce qui implique une disponibilité conséquente des deux côtés. A l'IME par exemple, il est nécessaire de s'engager à libérer une demi-journée mensuellement et ce, sur 18 mois, pour des réunions de travail mentormentoré. Pour Suzanne Rey, « le mentoré doit accepter de se remettre en question. Le rôle du mentor n'est, quant à lui, pas de conseiller mais d'être à l'écoute de la personne qu'il accompagne. Il assiste le mentoré dans ses décisions en lui posant des questions et non en lui apportant les réponses. Ce qui suppose une bonne dose d'humilité des deux côtés. » Cet état d'esprit permet surtout de ne pas laisser s'installer une dépendance néfaste du mentoré vis-à-vis de son mentor. Aussi, s'il est important de se voir régulièrement, il est préférable de limiter les rencontres et prises de contact. Se concentrer sur le haut de bilan de l'entreprise, sa stratégie et non sur sa gestion opérationnelle permet, par exemple, d'éviter cet écueil.

Et après, que se passe-t-il à l'issue du programme? « Dans bien des cas s'établit une relation d'amitié qui perdure au-delà du dispositif», constate Suzanne Rey (IME). Alexia de Bernardy et Sandra Le Grand ne font d'ailleurs pas exception. « Nous sommes restées très proches et nous avons même décidé de poursuivre cette relation mentorale en dehors du réseau », explique Alexia de Bernardy. L'entrepreneure conseille elle-même ponctuellement d'autres créateurs d'entreprise. Une manière pour elle « de rendre un peu de ce que l'on m'a donné ». Sandra Le Grand va plus loin: « Le mentorat sert aussi à créer un écosytème plus vertueux et plus solidaire.»

RETOURS D'EXPERIENCES CROISES

La mentorée Alexia de Bernardy, présidente de Filapi (L'Aliclé SAS)
« Ce que je conseillerais à un jeune dirigeant à la recherche d'un mentor, c'est de ne pas avoir peur de se confronter aux critiques ou aux remarques extérieures sur son entreprise. Qu'il ne perde pas non plus de vue que si son mentor peut lui souffler une bonne idée, c'est lui seul qui la fera décoller. Cela suppose donc un engagement à 100 %. »


La mentor Sandra Le Grand, présidente de Kalidea
« Le mentorat permet certes d'agrandir son réseau mais nous sommes également régulièrement amenés à mobiliser nos contacts pour aider notre mentoré. Cela n'est jamais gratuit. Il faudra rendre la pareille à un moment ou un autre. Etre mentor, c'est un engagement moral et altruiste. C'est partager son expérience, son temps, son énergie, et surtout, y prendre plaisir. »

CE QU'IL FAUT RETENIR

Le mentorat entrepreneurial est un programme d'accompagnement où un dirigeant chevronné assiste bénévolement un jeune entrepreneur dans le développement de sa société.
La relation mentorale est avant tout une affaire de confiance et d'écoute réciproques.
Si le mentorat présente plusieurs avantages tant pour le mentoré que son mentor, il suppose un investissement personnel conséquent.

 
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MARION PERROUD

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