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Passer d'auto-entrepreneur à dirigeant d'entreprise

Publié par le | Mis à jour le

Boom du chiffre d'affaires, envie de développer votre activité, opportunité de vous associer... Auto-entrepreneur, il est peut-être temps de passer à la vitesse supérieure en créant votre entreprise. Revue de détail des questions à se poser et des démarches à accomplir.

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Souple et peu contraignant, le régime d'auto-entrepreneur permet pour certains de tester une idée, un concept. Il représente ainsi la première étape vers la création d'entreprise. Car en cas de succès, le développement de votre activité dans le cadre de ce régime peut rapidement atteindre ses limites. La sortie du statut d'auto-entrepreneur peut s'avérer intéressante, voire inévitable dans certaines situations. «Vous sortez automatiquement du régime si votre chiffre d'affaires dépasse le seuil de tolérance de 89600 euros pour les activités de vente de marchandises, d'objets, de denrées à emporter ou à consommer surplace ou de fourniture de logement, ou celui de 34600 euros pour les autres prestations de services et les professions libérales, rappelle Carine Rota, expert-comptable au sein du réseau In Extenso. Vous perdez ainsi tous les avantages inhérents au régime de l'auto-entrepreneur (dispense d'immatriculation, franchise de TVA... ).» Hormis le dépassement de ce seuil, d'autres raisons peuvent vous pousser à changer de statut: volonté de développer votre activité par le biais d'investissements ou d'embauches, meilleure protection de votre patrimoine personnel, renforcement de votre crédibilité auprès des banques et des partenaires, opportunité de vous associer. Pour Pascal Nguyên, journaliste et coauteur du Guide pratique de l'auto-entrepreneur, le basculement n'est pas à prendre la légère et suppose une réflexion de fond sur son intérêt réel. «Il est, par exemple, erroné de penser que changer de régime va vous aider à développer de fait votre activité ou à attirer de nouveaux clients, avertit-il. Par ailleurs, si vous souhaitez changer d'activité, sachez que le régime de l'auto- entreprise le permet tout à fait. » D'où l'importance de se poser les bonnes questions. Avez- vous validé économiquement votre business model? De quelle manière allez-vous développer votre activité et diversifier votre clientèle à terme? Quels sont les besoins financiers inhérents à ce développement? Pour prendre votre décision, Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs (FEDAE), conseille de vous reposer sur trois éléments-clés: la récurrence de votre portefeuille client, la rentabilité de votre activité sur la durée et le caractère réellement innovant de votre produit ou service. Il est d'ailleurs vivement recommandé d'élaborer un business plan.

Entreprise individuelle ou société

Une fois ces trois critères passés en revue, reste ensuite à choisir le statut juridique le mieux adapté à votre situation. Vous pouvez dès lors soit décider de conserver le statut d'entreprise individuelle (EI), en optant pour la responsabilité limitée (EIRL), soit créer une société (SARL, SAS, SA... ). Dans le premier cas, vous restez seul maître à bord tout en protégeant votre patrimoine personnel. Mais vous changez de régime d'imposition. Dans le second, vous pouvez vous associer ou faire entrer des investisseurs au capital. Selon la structure choisie, sachez que votre responsabilité juridique et financière, votre couverture sociale ou encore votre régime fiscal différeront. En cas de création de société, il convient de remplir plusieurs formalités. D'une part, vous devez procéder à la radiation de votre entreprise individuelle, le régime d'auto- entrepreneur étant rattaché à ce statut. D'autre part, vous devez immatriculer votre nouvelle société. Pour cela, déposez votre demande d'immatriculation auprès du Centre de formalité des entreprises (CFE).

Une fois la structure choisie, il vous faut ensuite transférer votre activité, vos actifs corporels (immobiliers et mobiliers) et incorporels (droit au bail, clientèle...) vers la nouvelle entreprise. Tous les apports en nature doivent être certifiés (voire évalués selon la forme juridique choisie) par un commissaire aux apports. Il est vivement conseillé de se faire accompagner lors de la préparation de cette étape. Outre un expert-comptable, n'hésitez pas à vous rapprocher de votre centre des impôts, de l'Urssaf, de votre chambre consulaire ou encore des réseaux d'assistance tels que l'Agence pour la création d'entreprise (APCE) et la FEDAE. Ensuite, «il va falloir revoir et renouveler l'ensemble de vos déclarations administratives et fiscales, vos contrats, vos factures... », souligne Grégoire Leclercq (FEDAE). Pour cette raison, «veillez à prévenir vos partenaires (banques, fournisseurs...) et clients bien en amont, conseille l'auteur Pascal Nguyên. D'autant qu'en basculant dans le régime réel d'imposition, vous devez intégrer la TVA à votre comptabilité, ce qui suppose une probable hausse de vos tarifs, notamment si vous travaillez avec des particuliers. » Carine Rota (In Extenso) conseille, quant à elle, de mettre en place de solides outils de pilotage budgétaire. « En tant qu'auto-entrepreneur, vous n'étiez tenu à aucune obligation de résultats. Ce qui n'est clairement plus le cas avec une entreprise.» Passez à la vitesse supérieure, oui, mais sans foncer dans le mur.

Pascal Nguyên, coauteur du Guide pratique de l'auto-entrepreneur

Pascal Nguyên, coauteur du Guide pratique de l'auto-entrepreneur

« En basculant dans le régime réel d'imposition, vous devez intégrer la TVA à votre comptabilité. »

CE QU'IL FAUT RETENIR

Avant de basculer vers la création d'entreprise, vérifiez que votre business model est solide.
Selon la forme juridique choisie, votre responsabilité juridique et financière, votre couverture sociale ou encore votre régime fiscal diffèrent.
Anticipez votre basculement et veillez à prévenir l'ensemble de vos partenaires et clients.

« J'ai opté pour une SARL face au boom de mes ventes »

« J'ai opté pour une SARL face au boom de mes ventes »

LE TEMOIGNAGE DE
Guillaume Gibault, gérant du Slip Français

Vendre des slips 100 % made in France: le pari d'un soir de Guillaume Gibault, 27 ans, se transforme, en moins de deux ans, en succès commercial. Surfant sur la campagne présidentielle, il orchestre sur la Toile un buzz qui booste ses ventes. Résultat, 10 000 exemplaires écoulés et un chiffre d'affaires prévisionnel de 220 kEuros pour 201 2. Le statut d'auto-entrepreneur, choisi en septembre 201 1 pour sa simplicité et pour tester son idée culottée, devient rapidement étriqué. « En trois mois, j'ai réalisé plus de 40 kEuros de chiffre d'affaires, raconte-t-il. Face au boom des ventes, je me suis rendu compte que je dépasserais rapidement le seuil du régime. J'ai donc créé une société. » En janvier 201 2, la SARL Le Slip Français voit le jour. En moins de 15 jours, l'entreprise est immatriculée. Tout se déroule comme prévu, excepté du côté de sa banque. « En tant qu'auto-entrepreneur, j'avais créé un compte à mon nom et souscrit un emprunt pour lancer l'activité. Lorsque j'ai voulu le clôturer, ma banque m'a expliqué que je ne pouvais pas transférer le remboursement du CRAAf crédit sur le compte de la SARL. Résultat, je me suis retrouvé avec deux comptes pour la même activité. » Hormis ce contretemps, le jeune homme estime qu'en créant sa société, il a gagné en crédibilité auprès de ses partenaires. Aujourd'hui, le jeune entrepreneur séduit même des acheteurs à l'étranger.

Le Slip Français - Carte d'identité

> Activité Fabrication et vente de sous-vêtements
> Ville Paris (VIIe arr.)
> Forme juridique SARL
> Dirigeant Guillaume Gibault, 27 ans
> Date de création Janvier 2012
> Effectif 2 salariés
> CA 2012 prévisionnel 220 kEuros

 
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MARION PERROUD

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