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Pour ou contre la vidéosurveillance dans l'entreprise?

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Chaque année, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à adopter la vidéosurveillance. Mais entre impératifs de sécurité et dérapages incontrôlés concernant la vie privée, il n'y a qu'un pas, à ne surtout pas franchir.

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Les caméras sont partout: établissements de crédit, commerces, grandes surfaces, bijouteries, bureaux de tabac, pharmacies, sièges sociaux de grandes entreprises, sites industriels... Pour une entreprise, recourir à la vidéosurveillance, c'est non seulement dissuader les cambrioleurs, mais également surveiller les stocks et les locaux, contrôler les entrées et sorties, prévenir les incendies et même les accidents. L'activité est en plein essor. A l'échelle européenne, le marché pesait près de 645 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier et devrait allègrement dépasser le milliard cette année. Le ministère de l'Intérieur évalue à 340 000 le nombre de caméras autorisées dans le cadre de la loi de 1995 (lieux publics et ouverts au public), dont seulement 20 000 sur la voie publique.

Les raisons de ce succès? D'abord, l'efficacité du dispositif, irréfutablement dissuasif. Ensuite, la vidéosurveillance est devenue accessible à presque toutes les bourses. Grâce à la nouvelle génération de caméras numériques sans fil, utilisant le réseau Internet, les systèmes sont simples à installer et moins coûteux. Les vidéos enregistrées peuvent être visualisées à distance, à l'aide d'un simple navigateur Internet, de façon sécurisée. Mieux: désormais, certains logiciels de surveillance automatisée sont capables de détecter des mouvements inhabituels, lançant ainsi des alertes «intelligentes». Au Royaume-Uni, on teste même des caméras dotées de haut-parleurs, permettant de réprimander oralement les personnes prises sur le fait...

Un outil de contrôle. La réalité s'approcherait-elle dangereusement du roman 1984, de George Orwell, et de son célébrissime Big Brother? Sans parler de science-fiction, la vidéosurveillance peut facilement devenir un outil de contrôle du travail et de la productivité. Fin mars, un scandale éclate en Allemagne. L'hebdomadaire Stern révèle l'utilisation de caméras miniatures dans certains magasins Lidl pour surveiller les salariés à leur insu. En interne, plusieurs centaines de pages de rapports faisaient état des faits et gestes des collaborateurs, y compris leurs passages aux toilettes ou leurs conversations privées pendant les pauses! Le discounter allemand doit, finalement, présenter des excuses publiques, incriminant les pratiques peu orthodoxes des cabinets de détectives privés, missionnés pour régler les problèmes de vols et de pertes de stock. Pourtant, les règles de la Cnil (Commission nationale informatique et libertés) sont explicites. Dès lors que les images sont enregistrées, plusieurs règles doivent être observées, à commencer par le respect de la vie privée et l'information préalable des salariés (lire encadré ci-contre). Même si elle manque cruellement de moyens de contrôle, l'organisation a déjà commencé à sanctionner financièrement entreprises et organismes ne respectant pas les libertés individuelles. Mais, au-delà du cadre légal, tout employeur a quand même largement intérêt à expliquer clairement à ses employés les raisons du recours à la vidéosurveillance. Car l'incompréhension des salariés peut dégrader le climat de l'entreprise, voire entraîner de graves tensions sociales.

JEAN-MARC DEVISE, président-directeur général d'Uniject

JEAN-MARC DEVISE, président-directeur général d'Uniject

UNIJET - Repères

- ACTIVITE: Fabrication de portes avec lames isolantes sur-mesure
- VILLE: Bapaume (Pas-de-Calais)
- FORME JURIDIQUE: . SA à conseil d'administration
- DIRIGEANT: Jean-Marc Devise, 46 ans
- ANNEE DE CREATION: 1980, rachetée en 1997
- EFFECTIF: 40 salariés
- CA 2007: 4,7 MEuros

POUR

Nous n'étions pas assez vigilants


C'est une très mauvaise expérience qui a convaincu Jean-Marc Devise de recourir à la vidéosurveillance. En 2003, près de dix tonnes d'aluminium, en barres de six mètres, sont dérobées sur son site industriel. «A l'évidence, les cambrioleurs étaient parfaitement organisés, relate le dirigeant. D'après les traces de chaussures, ils étaient trois ou quatre. Ils sont passés par le toit et ont fracturé une porte pour faire entrer un ou deux camions et charger l'aluminium.» Montant du butin: près de 15 000 euros. A posteriori, le chef d'entreprise regrette de ne pas s'être montré suffisamment vigilant. «Nous avions remarqué des indices, comme une clôture forcée quelques jours auparavant, mais nous n'avions pas pris de mesure spécifique.» Jurant qu'on ne l'y reprendra plus, Jean-Marc Devise fait appel à un professionnel pour équiper son entreprise d'une alarme et d'un système de vidéosurveillance. Résultat: plus aucune tentative d'intrusion. «Nous sommes certains que les abords de l'entreprise ont été visités mais la présence de caméras a été dissuasive», affirme Jean-Marc Devise, qui a, en outre, pu confondre un salarié malhonnête, filmé en flagrant délit de vol de consommables.

CYPRIEN FOURNIER, co-gérant d'Act Environnement

CYPRIEN FOURNIER, co-gérant d'Act Environnement

ACT ENVIRONNEMENT - Repères

- ACTIVITE: Bureau d'études techniques en environnement
- VILLE: Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais)
- FORME JURIDIQUE: SARL
- DIRIGEANTS: Cyprien Fournier, 30 ans, et Benjamin Fédor, 29 ans
- ANNEE DE CREATION: 2005
- EFFECTIF: 5 salariés
- CA 2007: 320 kEuros

CONTRE

La confiance mutuelle est notre moteur


Mettre en place des caméras de surveillance dans ses bureaux? Pour Cyprien Fournier, il n'en est pas question. Il y a quelques mois, pourtant, son entreprise a reçu la visite nocturne de visiteurs mal intentionnés, qui ont dérobé pour près de 25 000 euros de matériel de mesure. Si l'idée d'installer des caméras aux abords et à l'entrée d'une entreprise ne le dérange pas, le jeune chef d'entreprise considère la vidéosurveillance à l'intérieur même des bureaux comme «une atteinte à la liberté de chacun, en complète contradiction avec les valeurs de développement durable» qu'il prône au quotidien. Selon lui, c'est une forme de «flicage des salariés pendant leurs heures de travail, qui pèserait immanquablement sur l'ambiance de travail». Lui et son associé ont choisi leurs collaborateurs non seulement pour leurs compétences mais également pour leur autonomie. «La confiance mutuelle et la communication transversale sont notre moteur. Quand on surveille ses équipes, c'est que l'on a peut-être des choses à leur reprocher... Mais surtout, cela les conduirait à s'interroger sur la confiance que nous leur accordons.»

CE QUE DIT LA LOI

PREVENEZ VOS SALARIES
Selon le code du travail, un employeur peut mettre en place un système de vidéosurveillance s'il en informe au préalable ses salariés à titre individuel et collectif. Seuls les locaux dans lesquels personne n'est censé travailler peuvent être surveillés sans cette précaution préliminaire. Si le système de vidéosurveillance enregistre des images permettant l'identification de personnes, un dossier détaillé doit être déposé à la Commission nationale de l'Informatique et des Libertés (Cnil), comme le prévoit la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978. La Cnil exige, dans tous les cas, le respect de la vie privée, une durée de conservation des archives n'excédant pas un mois, le droit d'accès pour chaque personne aux enregistrements la concernant, ainsi que l'identité de l'organisme gestionnaire et des destinataires des images. Plus d'informations sur www.cnil.fr

 
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Gaëtane DELJURIE

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