Gauthier Toulemonde, le Robinson Crusoé des patrons

Retranché il y a encore quelques mois dans son bureau Lillois, Gauthier Toulemonde est devenu depuis début septembre la coqueluche des médias nationaux et internationaux. Le Times, le groupe américain Bloomberg, les télévisions canadiennes, une radio sud-africaine... Tout le monde se l'arrache. Le dirigeant de Timbropresse, une entreprise d'éditions de 9 salariés, s'apprête à vivre une expérience hors du commun. Le 08 octobre 2013, il plie bagage pour s'exiler sur une petite île au large de l'Indonésie, située à plus de 10 000 kilomètres de la France. Objectif ? Gérer son entreprise à distance pendant 40 jours.

Lassé des embouteillages et de l'allongement des temps de trajets, ce dirigeant de 54 ans souhaite vivre avec son temps. "Je souhaite prouver que le travail à distance est possible avec l'essor des nouvelles technologies et qu'il présente de nombreuses vertus écologiques, explique Gauthier Toulemonde. Le flou juridique concernant cette forme d'organisation est encore trop prégnant en France, à la différence des pays anglo-saxons ou scandinaves où la situation est très réglementée". Cette expérience reflète également selon lui "le quotidien d'un chef d'entreprise du 21^e siècle. Seul pour prendre des décisions, trouver des solutions, et souvent en danger car il engage son patrimoine", constate-t-il.

Gauthier Toulemonde

Si, à quelques jours du départ, le dirigeant ressent un brin d'appréhension concernant les conditions de vie, il reste très confiant quant à la gestion de son entreprise, le suivi du travail et des dossiers. "Mes collaborateurs ont une ancienneté moyenne de 18 ans. J'ai donc pris l'habitude de déléguer", poursuit le chef d'entreprise. Gauthier Toulemonde va donc échanger quotidiennement par mail avec ses collaborateurs. Deux sessions vidéos par Skype seront par ailleurs organisées chaque semaine. "Si au bout de trois jours, ils ne reçoivent pas de nouvelles, ils ont pour indication de déclencher une alerte", explique-t-il.

Des conditions rudimentaires

Équipé d'un téléphone satellitaire, de quatre panneaux solaires et de deux ordinateurs, il pense pouvoir travailler huit heures par jour (tout en tenant compte du décalage horaire de six heures), si la technique le lui permet. Les deux premiers jours, il sera toutefois accompagné d'un ingénieur afin de procéder à l'ensemble des installations. "Le plus complexe va être de gérer mon capital solaire car je pars en période de moussons. J'aurai donc probablement tous les jours de la pluie", explique Gauthier Toulemonde. Le second défi de ce Robinson Crusoé 2.0 ? Se nourrir. "Je pars avec des portions de riz, un dessalinisateur d'eau mais il va falloir que je traverse la barrière de corail pour pêcher, ce qui va me prendre un certain temps les premiers jours", confie l'aventurier. La récupération d'eau de pluie sera une tache sans nul doute moins difficile à accomplir! Pour des raisons de sécurité (et sous les conseils avisés du Quai d'Orsay), Gauthier Toulemonde a pris le parti de ne pas dévoiler précisément le nom de l'île. "Les actes de piraterie sont monnaie courante. Il faut donc être vigilant", confie-t-il.

S'il prépare cette expédition depuis plus de six mois, ce passionné de bateau et de voyages de 54 ans l'envisage depuis longtemps. Le déclic est venu en 2005 lorsqu'il a rejoint l'explorateur Jean-Louis Etienne à Clipperton, une île déserte au large d'Acapulco. "Je me suis rendu compte à ce moment précis que mon rêve d'enfant pouvait être exaucé. Je me suis donc juré de repartir sur une île", confie Gauthier Toulemonde. Le rêve de gosse prend les tournures d'une aventure hors-norme.

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Chaque semaine, vous retrouverez sur notre site le journal de bord et un recueil d'expériences de Gauthier Toulemonde.

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