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DossierFaut-il avoir peur d'ouvrir son capital ?

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3 - Ouvrir son capital aux investisseurs adéquats

Entre les business angels, les fonds de défiscalisation, les investisseurs sur fonds propres, les filiales des banques, les équipes indépendantes et les "family offices"... Il y a de quoi perdre son latin et son anglais à la fois. Choisir le type d'investisseur qui vous convient est pourtant capital.

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Le microcosme de l'investissement est un milieu endogame avec des codes et un langage hermétiques aux néophytes. L'entrepreneur que vous êtes risque de ne pas distinguer les différences, parfois subtiles, entre un financier et un autre. C'est pour cela qu'il est essentiel de vous faire accompagner par un cabinet spécialisé dans le conseil en levée de fonds, qui connaît bien ce milieu et vous orientera vers l'investisseur qui correspond le mieux à vos besoins et à votre culture. Dans tous les cas, n'hésitez pas à rencontrer des dirigeants d'entreprise accompagnés par un investisseur potentiel, comme il vous le proposera certainement. Pour éviter la langue de bois, choisissez des entrepreneurs qui n'appartiennent plus au portefeuille de l'investisseur. Ils auront aussi plus de recul sur le déroulement de la sortie, moment crucial de cette association particulière.

Investissement en fonction de­ la ­durée

Si tous les investisseurs sont, par vocation, destinés à faire tourner leur portefeuille, certains sont beaucoup moins pressés que d'autres. Typiquement, les "family offices" qui investissent dans une optique de diversification de patrimoine d'une famille d'entrepreneurs ou d'industriels n'ont pas de contrainte de durée limitée. En revanche, les investisseurs pour compte de tiers misent l'argent de souscripteurs (institutionnels ou particuliers) dans le cadre de véhicules limités en général à dix ans, prorogeables de deux ans. Pour éviter de rester coincés contre leur gré dans leurs participations, ces investisseurs introduisent systématiquement des clauses de liquidité qui obligent le patron de PME à organiser le rachat de leurs parts. Cette clause de liquidité suscite beaucoup d'appréhension chez les entrepreneurs qui redoutent de devoir brader leur entreprise pour respecter le timing fixé. Pas de panique, si la durée d'investissement moyenne est de quatre à cinq ans, il ne s'agit là que d'une moyenne. " Un investisseur peut rester plus longtemps s'il estime que le moment n'est pas propice pour sortir dans les meilleures conditions ", rassure Florent Lauzet, directeur associé chez Siparex, un des pionniers de l'investissement indépendant en capital-développement. Dans les portefeuilles des fonds d'investissement en 2013, vous trouverez beaucoup de participations datant de 2006, ou même avant, mais dont le calendrier de sortie a été compromis par la crise. De toute façon, on ne vend pas une entreprise contre la volonté de ses dirigeants !

Investissement selon le degré d'ingérence

Ensuite, il y a la culture de l'investisseur : dans le jargon du milieu, on distingue les "hands-on" des "hands-off", autrement dit ceux qui vont mouiller la chemise pour mobiliser leur réseau et leur expertise à votre profit et ceux qui se contenteront de vérifier à échéance fixe que vous êtes dans les bons ratios. Il est difficile de les segmenter de manière catégorique, mais les filiales de banques ont la réputation d'être plutôt des investisseurs passifs, plus proches de la culture des prêteurs que des actionnaires. Les gestionnaires de fonds fiscaux (FIP FCPI, holdings ISF) sont aussi, par nature, moins intrusifs, puisqu'ils disposent d'équipes réduites pour suivre des portefeuilles de plusieurs entreprises... A contrario, les équipes indépendantes (comme Siparex, Azulis, Initiative & Finance, EPF Partners, MBO partenaires, iXO Private Equity...) sont réputées plus actives dans l'accompagnement de leurs participations. Ce qui ne veut pas dire qu'elles vous coacheront au quotidien : un investisseur n'est pas une nounou. " Nous ne prétendons pas accompagner le dirigeant sur toutes les problématiques qu'il rencontre, nous lui faisons savoir que nous disposons d'une palette d'expertises et de réseaux sur différentes thématiques : recrutement du Daf, internationalisation, croissance externe, etc. À lui de nous solliciter en fonction de ses besoins ", résume Florent Lauzet (Siparex). À vous, donc, de faire appel à ces consultants de haut vol, en ayant l'assurance que leurs conseils ne seront pas pousse-au-crime, puisqu'ils sont parties prenantes de votre réussite.

Fonds d'investissement publics versus privés

Quand vous faites entrer un fonds d'investissement dans votre capital, vous avez une chance sur deux d'avoir l'État comme actionnaire, de manière directe ou indirecte. En effet, CDC Entreprises a financé en fonds propres 844 PME en 2011 pour un montant total de 1,2 milliard d'euros, selon son étude annuelle publiée fin 2012. Toutefois, il faut savoir que 85 % de ces montants investis l'ont été de manière indirecte via quelque 230 fonds privés "sponsorisés" partiellement par la filiale de la Caisse des dépôts. Dans ces cas-là, l'intervention de l'État dans votre capital est complètement transparente, puisque votre seul interlocuteur est le fonds privé.

L'autre mode d'intervention est l'investissement en direct que CDC Entreprises réalise via une vingtaine de structures distinctes, ce qui manque parfois de lisibilité pour le commun des entrepreneurs. En l'occurrence, il s'agit soit de fonds sectoriels, soit de fonds de co-investissement généraliste qui interviennent en complément des fonds privés, ou encore de sa filiale d'investissement régionale, FSI Régions, qui investit essentiellement des tickets minoritaires compris entre 0,5 et 4 millions d'euros.

Si le label CDC peut être très recherché par les patrons de PME qui ouvrent leur capital pour la première fois, et qui sont rassurés par la présence d'un représentant de l'intérêt général, à rebours des intentions spéculatives prêtées aux financiers classiques, il ne faut pas se tromper sur la nature de cette intervention. Il ne s'agit en aucun cas d'une subvention déguisée, CDC Entreprises revendique son statut d'investisseur avisé, très sourcilleux sur la rentabilité des deniers publics. " Notre effort, en tant qu'acteur public, est de cibler des segments et des secteurs délaissés par les investisseurs privés. Mais nous veillons scrupuleusement à obtenir des rentabilités en ligne avec les pratiques du marché ", insiste Isabelle Ginestet- Naudin, directrice déléguée en charge des investissements directs en capital-développement chez CDC Entreprises.

Fonds d'investissement généralistes versus sectoriels

Enfin, on peut aussi opérer une distinction entre fonds généralistes et investisseurs sectoriels. Ces derniers, qui étaient plutôt spécifiques au segment du capital-risque où les investisseurs sont ultra-spécialisés (en biotech et IT notamment) afin d'être en mesure de détecter le potentiel de technologies de rupture, tendent désormais à reproduire aussi cette approche dans l'accompagnement de PME matures en capital développement.

C'est le cas pour des secteurs pointus comme l'aéronautique, avec ACE Management, ou en pleine mutation, comme la santé avec le fonds Capital Santé de Turenne Investissement, ou Helse de Yam Invest. De même pour le développement durable, avec Demeter Partners, ou encore pour des secteurs de niche, comme les services financiers qui ont désormais un investisseur spécialisé avec BlackFin Capital partners. Sans oublier la galaxie CDC Entreprises, avec ses fonds dédiés à la filière bois, au secteur de la mode ou aux entreprises du terroir et du patrimoine culturel...

L'intérêt d'accueillir un investisseur sectoriel est de bénéficier d'un accompagnement sur mesure, d'accéder à un réseau pointu et de profiter d'un ensemble de synergies avec les autres entreprises de son portefeuille. " Notre intervention va bien au-delà du seul apport en fonds propres, précise Isabelle Ginestet-Naudin (CDC Entreprises). Les équipes de nos fonds sectoriels disposent d'une très bonne visibilité sur les leviers d'acquisition de valeur de leurs filières et font bénéficier les entreprises de leurs portefeuilles des connexions et expertises appropriées pour impulser la croissance. "

Vidéo : choisir un investisseur en phase de développement - conférence d'Olivier Protard

Houda El Boudrari

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