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[Tribune] Le slow web, du mythe à la réalité

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[Tribune] Le slow web, du mythe à la réalité

En quête d'un monde numérique plus éthique, le slow web commence à percer dans une société où les géants du digital s'immiscent partout. Son crédo ? Transparence, vie privée et neutralité.

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À l'heure des scandales sur l'exploitation des données, le slow web est-il le mouvement d'ampleur de demain ?

Les racines du slow web

Les entreprises numériques sont dans le collimateur des consommateurs suite aux nombreux scandales à répétition provoqués par les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), ces dernières années. L'élection de Donald Trump, le Brexit et les scandales qui en ont découlé entre Cambridge Analytica et Facebook, ont rendu visible la partie sombre du numérique. La donnée est devenue le nouvel or noir des entreprises. Utilisée à mauvais escient, leur manipulation peut avoir des conséquences planétaires.

On note alors une crise de confiance chez les internautes envers les entreprises pour gérer leurs données personnelles. Les Français se méfient de plus en plus d'Internet, 57% d'entre eux se sentent surveillés(1), et 66% se déclarent plus sensibles sur le sujet des données personnelles après un an de RGPD. De nouveaux réflexes naissent : blocage des données de géolocalisation, demande de suppression de données personnelles, adoption d'outils (navigateurs, logiciels,...) alternatifs. La méfiance des Français devient palpable.

Le slow web peut être le symbole d'une réponse citoyenne aux Gafam, en incitant à revoir sa manière de consommer le numérique.

Reprendre en main sa vie numérique

Les réseaux sociaux, les services numériques et tous les objets connectés du quotidien sont de réelles boîtes noires, contenant des algorithmes dont on n'a même pas connaissance. Les entreprises se structurent afin de récupérer toujours plus de données, étudier plus précisément des profils de consommateurs, si bien qu'il suffit d'une page consultée, d'un " j'aime " ou d'une musique écoutée, pour qu'une dizaine de paramètres de profilage soient modifiés, et ce, oubliant toute éthique et respect de notre vie privée. Le terreau pour le slow web est donc très fertile.

Certains individus l'ont bien compris... D'où nouvelles offres numériques qui fleurissent sur le marché, dont les promesses se veulent rassurantes : pas d'exploitation de données personnelles, pas de cookies, pas de tracking, ni de géolocalisation. Le contrepied total des Gafam. Il y a quelques années, quand Vivien LeMoal, président de Glaydz, expliquait son projet de " réseau social éthique, à but non-lucratif qui garantit la protection totale des données personnelles des utilisateurs tout en remettant l'humain au coeur du réseau ", on le prenait pour un fou. Aujourd'hui, plusieurs milliers de personnes sont inscrits sur Glaydz. Sans oublier les moteurs de recherche Qwant et DuckDuckGo qui veillent à protéger au mieux la vie privée, ou encore Dissident.ai créé par Tariq Krim qui propose des produits, aux interfaces neutres, sans logo, qui mettent l'utilisateur au centre, en servant ses seuls intérêts.

Ces offres sur le marché prouvent qu'il est possible de tendre vers un numérique plus responsable, éthique et respectueux de la vie privée. Néanmoins, nombreuses sont celles qui utilisent des outils open-sources pour se développer, outils eux-mêmes détenus par ces géants...comme Qwant utilisant en complément de ses propres recherches le moteur Bing, propriété de Microsoft.

Un long chemin reste à parcourir

S'il est ambitieux de vouloir s'attaquer à ces géants, ces pionniers du numérique responsable se heurtent aussi rapidement à leur puissance. Vivre d'abonnements payants pour l'internaute ou via la publicité semble solide, mais le trafic n'est pas à la hauteur d'un Google et de ses 3,3 milliards de requêtes par jour. Malgré leur ascension croissante, ces solutions ne sont pas sans défauts. En représentant une part de marché mimine, elles sont moins performantes car ne disposant pas des mêmes moyens financiers pour s'améliorer.

Paradoxalement, peu de gens sont réellement prêts à adopter de nouveaux réflexes. Par exemple, la première recherche par mot-clé sur Qwant est " Google ". Nous sommes très friands d'objets connectés : enceintes, smartphones, caméras intelligentes, montres... une réelle mine d'or pour les Gafam qui achètent ces entreprises quand elles réussissent, à l'instar de Fitbit récemment.

Finalement, peu de citoyens semblent prêts à adopter de nouveaux réflexes pour contourner ces géants du web. Trop attachés à ces objets du quotidien qui nous " simplifient " la vie, trop habitués à ces applications qui rendent nos échanges avec notre entourage si fluides, nous nourrissons quotidiennement un certain capitalisme de surveillance que nous semblons avoir accepté d'adopter. Les scandales sanitaires, médicaux et la naissance d'une application appelée Yuka ont renversé le secteur de l'agroalimentaire. Quels seront les déclencheurs pour sauver nos démocraties ?

Pour en savoir plus

Charlotte Grivot, consultante mc2i, elle accompagne de grandes entreprises dans la réalisation de leurs projets et dans la mise en place de la méthodologie agile. Elle intervient actuellement pour un acteur du secteur de l'énergie dans l'intelligence artificielle.


 
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