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Fintech vs banques traditionnelles : qui conserve l'avantage ?

Publié par Mallory Lalanne le | Mis à jour le
Fintech vs banques traditionnelles : qui conserve l'avantage ?

Longtemps dominé par les banques mutualistes, le marché des professionnels est secoué par l'émergence des Fintech qui promettent aux clients une grande simplicité d'usage de leurs comptes bancaires, une expérience client plus sympathique, et des tarifs bien plus alléchants.

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On est bien loin de la crise financière de 2007. Pourtant, les banques traditionnelles pourraient bien être prises dans une tornade tout aussi dévastatrice : celle de l'innovation et de l'agressivité des fintech qui déboulent sur le secteur depuis plusieurs années. Leur business model ? Utiliser la technologie pour lancer des services bancaires et financiers intuitifs, pratiques et lisibles. La start-up Qonto qui se pose en alternative bancaire pour les petites entreprises et les indépendants a provoqué une grosse secousse en juillet dernier avec une levée de fonds de 10 millions d'euros.

La banque 100 % mobile promet une ouverture de compte en moins de 5 minutes avec un forfait de base à 9 euros par mois. Un positionnement fort puisqu'elle revendique 2 000 clients professionnels (micro-entrepreneurs, sociétés et start-up) en trois mois d'existence. "J'ai connu par le passé la frustration engendrée par l'inadéquation des outils et la faible réactivité des conseillers bancaires. Nous avons donc mis en place un logiciel pour faciliter la gestion financière d'une entreprise avec un module de notes de frais, et la déclaration de TVA facilitée. Les experts-comptables ont par ailleurs accès en lecture seule aux opérations et peuvent les exporter au bon format", confie Alexandre Prot, fondateur de Qonto.

Une fintech peut en cacher une autre

Si Qonto est l'une des fintech les plus observées du moment, d'autres proposent des services tout aussi alléchants pour les entrepreneurs. Anytime propose un forfait de base mensuel à 9,50 euros (RIB, carte) et la possibilité de souscrire à de multiples options : commander plusieurs cartes, définir un budget par salarié, réaliser des virements internationaux, disposer d'un terminal de paiement sans frais d'abonnement (entre 39 et 79 euros en fonction des terminaux)... Autre particularité de la fintech qui lui permet de se distinguer de ses concurrents (pour l'instant car Qonto envisage de suivre cette démarche en 2018): la possibilité avec le forfait de base d'encaisser des chèques, jusqu'à 4 par mois dans la limite globale de 25 000 euros pour l'offre standard. Il n'y a en revanche pas de limite en nombre de chèques et en montant pour l'offre Premium à 19,50 euros par mois.

"Les fintech proposent des tarifs en moyenne quatre fois moins cher que les banques traditionnelles", Céline Cabrera, Semaphore conseil.

Et comme tout bouge très vite dans le secteur, Shine, un concurrent direct de N26 qui cible aussi les freelances et les indépendants, devrait faire son apparition d'ici la fin de l'année 2017. Ces professionnels vont disposer d'une série de fonctionnalités comme le calcul des charges et des taxes à venir, les rappels administratifs, l'émission de contrats et de factures, l'e-signature...

"Au-delà des faibles frais de structures inhérents aux fintech qui leur permettent de proposer des tarifs attractifs, en moyenne quatre fois moins cher que les banques traditionnelles, ces acteurs sont intéressants par les outils d'aide à la gestion qu'ils offrent et la rapidité à laquelle les comptes sont ouverts, analyse Céline Cabrera, responsable des marchés professionnels au sein du cabinet Semaphore conseil, spécialiste en conseils, études et veille sur les marchés de la banque. Ces fintech ne sont toutefois pas des banques mais des intermédiaires en services de paiement, ce qui ne leur permet pas d'accorder de crédit ".

Les pros, un marché disputé

Force est de constater que le marché des professionnels est de plus en plus disputé. "Face à la maturité du segment des particuliers, les banques cherchent en réalité depuis 2010 à développer de nouvelles sources de revenus auprès d'autres segments historiquement moins exploités", commente Marin Delattre (Sia Partners). Selon le cabinet, les professionnels (indépendants, TPE, et auto-entrepreneurs), avec 4,7% de croissance annuelle des encours de crédit, constituent pour les banques une source non négligeable de PNB. L'encours des crédits s'établit à 250 milliards d'encours de crédits au premier trimestre 2017.

Un sujet qui fait peur

Si les banques conservent l'avantage dans l'octroi de prêts, la menace des Fintech est prise très au sérieux par les acteurs traditionnels. En coulisse, la riposte se prépare. La Société Générale, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel ont développé des applications qui offrent aux professionnels un suivi en temps réel et multicanal (site internet, tablette, smartphone) de leurs flux financiers.

Certaines vont plus loin comme HSBC avec son centre d'affaire 'phygital' qui combine l'expertise d'une banque avec la fluidité et la réactivité du digital, et offre plusieurs services : prises de rendez-vous par accès direct à l'agenda du chargé de clientèle, visioconférences ou chat avec son chargé d'affaires, demande de mise en place de certaines solutions par internet, ou de crédit en ligne. " D'autres s'associent à des start-up pour aller vers plus de digitalisation, à l'image de LCL qui a noué un partenariat avec Fizen, pour offrir à ses clients entrepreneurs une plateforme de suivi complet et en temps réel de leur activité et de leur comptabilité. Ou de la Caisse d'Epargne et des Banques populaires qui proposent depuis 2014 le service mobile d'encaissement par smartphone ou tablette Dilizi ", relève Geoffroy Borensztejn, consultant services financiers au sein du cabinet de conseil Sia Partners.

D'autres encore lancent des POCs (expérimentations) en proposant des chatbots et des forums de questions-réponses intelligentes pour répondre aux demandes de leurs clients, ou des services selfcare qui permettent de souscrire des services directement en ligne. Selon Frédéric Najman, cofondateur de Spella, acteur de la collecte et de l'analyse des données digitales, il est évident que les banques traditionnelles entament une restructuration pour garder une relation directe avec leurs clients. "L'intelligence artificielle, qui va assister le conseiller bancaire dans sa prise de décision, pourrait faire son apparition d'ici deux ans. Elle va permettre d'identifier d'éventuelles imprécisions, des risques de fraudes, et offrir une analyse beaucoup plus rapide des données. Le temps de traitement des dossiers sera réduit de 50% et la satisfaction des clients augmentée", estime l'expert.

Les fintech se serrent les coudes

"Les fintech vont s'associer à d'autres fintech pour combiner différents domaines d'expertises", Stéphane Lormeau, fondateur du site banqueenligne.fr

De leur côté, les fintech ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Pour Stéphane Lormeau, fondateur du site banqueenligne.fr et ancien chargé de projets internet au sein du Crédit Agricole, "les fintech vont devenir des assembleurs et s'associer à d'autres fintech pour combiner différents domaines d'expertises, proposer une palette de services beaucoup plus larges comme le crowdlending et ainsi s'affranchir de la règlementation et de l'obtention de certains agréments". Qonto a annoncé mi-octobre un partenariat avec le géant des terminaux des paiements iZettle pour étoffer son offre.

Les fintech pourraient donc grignoter petit à petit des parts de marché aux banques traditionnelles. "Cela risque de prendre un peu de temps, à l'instar de ce qu'on a pu constater sur le marché des particuliers avec les banques en ligne", estime Marin Delattre, consultant services financiers au sein du cabinet de conseil Sia Partners. Ces pure players affichent en 2016 un taux de pénétration de 10% sur le marché des particuliers, contre 7,1% en 2014, et 8,3% en 2015. Une progression lente en raison notamment de réticences initiales de la clientèle envers des services entièrement digitalisés et sans agence " physique ".

La cadence pourrait toutefois s'accélérer sur le marché des professionnels, avec l'entrée en vigueur au 1er janvier 2018 de la directive DSP2 sur les services de paiement qui va obliger les banques à partager certaines données relatives aux comptes de leurs clients (soldes, flux financiers) avec leur concurrent. "Les banques vont perdre le monopole de la donnée du client, et par conséquence elles risquent de perdre le contact privilégié avec leur clientèle qui pourrait se déporter vers d'autres applications", suppose Marin Delattre.

Les fintech, en récoltant et optimisant des données plus précises, vont pouvoir développer des services plus innovants, agiles et enrichir l'expérience utilisateur. Le bras de fer entre les banques et les fintech pourrait donc encore s'intensifier.

 
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