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Comment paiera-t-on dans le futur ?

Publié par Véronique Meot le - mis à jour à
Comment paiera-t-on dans le futur ?

Sans contact, application mobile, objet connecté, plateforme en ligne, cryptomonnaie... Les moyens de paiement se diversifient de plus en plus et la pandémie accélère ce mouvement. Le cash est-il voué à disparaître ? Peut-être. Car si les Français, et plus encore les Européens, y sont attachés, les transactions numériques fluidifient les échanges.

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Le bitcoin plafonne à plus de 30 000 euros à date. Et en un tweet, le sulfureux Elon Musk (SpaceX, Tesla) réussit à enflammer la crytosphère : il suffit que l'entrepreneur milliardaire appose simplement la mention #Bitcoin suivi de son émoji, et le cours de la cryptomonnaie connaît dans la foulée une poussée de 14 %. En parallèle, les paiements sans contact semblent devenir la norme. Depuis le premier confinement, les Français déclarent privilégier le sans contact et les cartes de paiement en magasin et faire davantage de courses en ligne, selon une étude menée par GfK pour Visa.

Les comportements évoluent, les consommateurs adaptent leurs modes d'achat et de paiement aux contraintes sanitaires. La Covid-19 aura-t-elle sonné le glas des espèces ? "Nous sommes actuellement dans une situation tout à fait paradoxale, nous observons à la fois une diminution de l'utilisation des espèces dans les transactions, mais parallèlement il n'y a jamais eu autant de billets de banque en circulation", constate Vincent Bonnier, directeur général de la fabrication des billets à la Banque de France.

Dans la zone euro, un peu plus de 25 milliards de billets sont en circulation contre 7 milliards émis en 2002. "Depuis un an, le nombre de billets a augmenté de + 10 %, ajoute Vincent Bonnier. Mais il faut garder à l'esprit que seulement 25 % des billets en circulation sont utilisés pour des transactions, alors qu'environ 30 % sont demandés par des agents économiques non résidents et expédiés dans des pays hors zone euro. Les 45 % restant alimentent la thésaurisation de nos concitoyens, principalement dans d'autres pays de la zone euro, mais également en France."

Liberté du cash

Au niveau des paiements, l'usage de l'argent liquide régresse, donc. La chute du nombre de retraits en distributeurs automatiques fournit un indicateur, tout comme la chute des valeurs retirées (- 10 à - 15 % aujourd'hui selon les estimations de la Banque de France). Les Français paient moins en espèces : une tendance observée depuis plusieurs années et accentuée depuis la pandémie. "Les usages se modifient incontestablement, pour autant nous pensons que les espèces resteront un moyen de paiement à moyen terme - pour les 10 à 15 prochaines années - car elles sont inclusives et acceptées partout", note Vincent Bonnier. Un avis que partagent des acteurs du marché.

Ainsi, Jean-François Faure, fondateur de VeraCash, carte de paiement adossée aux métaux précieux, estime que "les Français sont attachés au cash, y compris à sa valeur symbolique, car il s'agit d'un moyen de paiement gratuit, universel et respectueux de la vie privée. Bien sûr, la crise sanitaire a fait émerger les outils digitaux de paiement et aujourd'hui, 7 Français sur 10 utilisent le sans contact, dont le seuil a d'ailleurs été relevé de 30 à 50 euros." L'attachement au cash est encore plus fort chez certains de nos voisins européens, comme en Allemagne. En Suède (non-membre de la zone euro), malgré l'abandon du cash par la majorité de sa population, le Parlement a adopté récemment une loi contraignant les principales banques à maintenir à disposition du public des distributeurs de billets. Autrement dit, pour les particuliers, le cash reste synonyme de liberté.

Transactions dématérialisées

Dans les entreprises, et notamment en B to C, la gestion des espèces n'est pas sans contraintes (risque d'erreur, de vol, de perte). "La carte bancaire a détrôné le chèque comme moyen de paiement, mais l'avenir appartient aux objets connectés - smartphone, montre - qui favorisent un paiement sans contrainte et plus sécurisé, notamment grâce à la reconnaissance faciale", indique Jean-François Faure. D'autant que les commerçants peuvent répercuter les coûts liés à ces services dans leur prix. En outre, de nouvelles solutions apparaissent afin de fluidifier les encaissements.

"Les entreprises perdent du temps dans la gestion de leurs créances, or ce n'est pas leur métier. Nous leur proposons une solution digitale de paiement par compte bancaire, qui permet de sécuriser l'encaissement via un prélèvement Sepa ou un virement initié", explique Eddy Combier, CEO de Score & Secure Payment (SSP), fintech française.

Parmi ses atouts, l'optimisation du recouvrement, son automatisation et sa sécurisation. SPP adresse les TPE/PME grâce à des partenaires, notamment via Cegid et ses logiciels de facturation ou de gestion commerciale. La généralisation de la facturation électronique interentreprises devrait également encourager le télépaiement : le secteur du B to B a, lui, déjà dématérialisé ses transactions.

Monnaie numérique

L'avenir des paiements appartient-il aux cryptomonnaies ? Certains le pensent. "Il existe déjà des outils de facturation en cryptomonnaie, assure Fabrice Heuvrard, expert-comptable et commissaire aux comptes, dirigeant du cabinet éponyme à Paris. Aux États-Unis, la Fed est ouverte aux perspectives fournies par ces cryptomonnaies, notamment par la création d'un CBDC (Central Bank Digital Currency), mais l'Europe semble plus frileuse et les banques luttent pour leur survie à long terme." À ceux qui dénoncent "une monnaie de voyous", cet expert-comptable rétorque que "jusqu'à présent, les espèces ont fait leurs preuves en matière de fraude".

Défendre les cryptomonnaies bec et ongles, c'est parier sur le futur, le sens de l'histoire. Les enjeux ? Des échanges internationaux facilités, l'affranchissement vis-à-vis des politiques... Toutefois, attention aux limites. "Les cryptoactifs ne sont basés sur aucune contrepartie réelle et ne présentent pas les caractéristiques d'une monnaie", rappelle Vincent Bonnier. Néanmoins, la BCE initie un projet de monnaie numérique, qui n'aurait pas vocation à se substituer au cash et fonctionnerait en parallèle via des modes de paiements digitaux.

"L'objectif est clairement d'éviter que les moyens de paiements, qui sont indispensables au bon fonctionnement de nos sociétés, à la croissance économique comme au niveau de l'emploi, s'affranchissent du contrôle des autorités publiques ", précise Vincent Bonnier. Le sujet dépasse la question des modes de paiements et d'encaissement : elle soulève celle de la souveraineté monétaire. D'où la levée de boucliers. Simon Polrot, président de l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan) distingue trois approches à travers le monde : "Celle des États-Unis, portée sur l'innovation où les paiements en stablecoin (actif numérique qui réplique la valeur faciale d'une monnaie fiduciaire, ndlr) se développent ; celle étatique de la Chine et celle de l'Europe, encore au stade de l'observation". Pour lui, "le projet européen n'a guère d'intérêt car il ne concerne directement ni les consommateurs ni les entreprises". Et il manque à l'Europe un vrai projet de stablecoin.

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