Recherche
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine

Piloter sa trésorerie : une obligation pour rebondir après la crise

Publié par le | Mis à jour le
Piloter sa trésorerie : une obligation pour rebondir après la crise

La crise économique provoquée par le coronavirus est violente. Dans ce contexte tendu, la trésorerie doit être au coeur de toutes les attentions. Car c'est bien d'elle dont dépendra l'avenir de votre entreprise.

Je m'abonne
  • Imprimer

" En France, nous avons des progrès à faire sur le sujet du cash, de la trésorerie. Aussi bien en termes d'outils que de culture. Le BFR, les stocks ou le recouvrement pourraient être mieux gérés ". Pour Karim Lasri, directeur associé Restructuring chez EY, le pilotage de la trésorerie, déjà primordial en temps habituel, devient crucial voire même vital dans cette période de crise intense. " Le nerf de la guerre pour une entreprise en période de crise, c'est la trésorerie sans aucun doute. Dirigeants et DAF doivent en prendre toute la mesure et se focaliser sur le sujet pendant toute la durée de cet épisode. "

Pierre Dutaret, ex- banquier et CEO de la fintech Libeo (plateforme destinée à fluidifier les paiements entre les entreprises), prévient : " En France, les PME manquent souvent d'outils efficaces. Dans ces conditions, elles doivent absolument rester en contact étroit avec leur expert-comptable pour piloter au mieux. "

Calculer

" Pendant toute cette période de crise, il va falloir faire et refaire les projections de trésorerie en fonction des évolutions de l'épidémie, de la baisse/arrêt prévisible de l'activité, et des annonces du gouvernement ", enjoint Karim Lasri. Avec dans un premier temps un exercice à deux ou trois mois, très orienté vers l'apurement des bilans. " Quelles créances puis-je recouvrer, quelles dettes dois-je payer, etc. "

Ce dirigeant d'une entreprise de travail temporaire de l'Ouest de la France (42 M€ de CA ; 50 salariés), préférant rester anonyme dans cette situation difficile, s'est lancé dans ce périlleux exercice, une semaine après le début du confinement. " L'impact a été violent et brutal. Nous avons perdu 80% de notre activité entre les deux interventions du président de la République. J'ai lancé mes équipes sur les relances clients assez rapidement. Nous leur demandons s'ils pensent avoir des difficultés à régler leur facture, et à quelle date ils comptent nous payer. Objectif : faire une estimation la plus précise possible du chiffre d'affaires qui va être encaissé et quand, afin de réaliser une projection claire de notre trésorerie. " Dans cette PME, cet exercice de crise indispensable se concrétise via un tableau Excel.

Projeter

Après cette projection de trésorerie à court terme, destinée à éteindre le feu avant qu'il ne se propage, il est nécessaire d'avoir une vision à plus long terme en établissant un plan de trésorerie dégradé à 6 mois, 12 mois et même 18 mois. " Il est important de lister, de façon exhaustive, les dettes fournisseurs et les dépenses à supporter pendant cette période (charges de personnel, loyers et abonnements indispensables, emprunts bancaires...) La différence entre ce que vous devrez payer dans les prochains mois et votre trésorerie devra à tout prix être financé ", conseille Pierre Dutaret. Et de préconiser de prévoir une marge de 15% en cas d'imprévu.

Les calculs sont malheureusement assez simples si votre activité est complètement à l'arrêt... En revanche, si l'entreprise continue son activité, Karim Lasri insiste sur la nécessité d'un travail d'équipe afin de ne pas franchir la ligne rouge. " Chaque entreprise doit d'échanger avec ses partenaires (conseils, avocats, expert-comptables...) pour analyser au mieux les problématiques et estimer l'impact de la situation sur son activité. "

Mais attention, selon l'expert, chaque cas est unique. Le confinement ne signifie pas la même chose selon les secteurs. " L'industrie et la distribution ne subissent pas la crise de la même façon que la plasturgie ou la chimie, précise-t-il. L'impact est également différent en fonction du profil des clients : grands groupes, PME, TPE, etc. Bref, chacun doit essayer de faire des prévisions d'exploitation et de trésorerie aussi justes que possible en fonction des informations disponibles à date. "

Repousser les échéances

Dans cette période de crise intense, une vigilance particulière doit être portée sur les décaissements. Jérôme Grellie, expert-comptable associé au sein du réseau TGS (ex-Soregor), n'y va pas par quatre chemins : " il ne faut pas hésiter à utiliser toutes les aides que l'Etat met à disposition, même si vous n'êtes pas aujourd'hui dans le rouge, dès lors que vous estimez pouvoir l'être dans 3 ou 4 mois compte tenu de la crise que nous traversons. La durée de la crise n'est pas connue, mieux vaut anticiper le pire et se réjouir, que le contraire. En tout état de cause, ces aides permettront de rebondir plus facilement. " Parmi celles-ci : le décalage (qui pourra se transformer en annulation dans certains cas) de tous les impôts directs et des cotisations Urssaf, le dispositif de chômage partiel, etc. L'expert-comptable va plus loin : " la TVA n'est pas concernée par ce décalage mais voici mon conseil : si vous avez une bonne visibilité, participez à l'effort citoyen et payez. Dans le cas contraire mieux vaut survivre et payer les pénalités. "

Il est possible aussi de décaler, après accord, ses échéances de loyers et d'emprunts bancaires. Le dirigeant de l'entreprise de travail temporaire interrogé a déjà mis en place ces mesures, anticipant même un décalage de ses mensualités bancaires de septembre. " Nous savons qu'il y aura des défaillances parmi nos clients. Mieux vaut prendre un maximum de précaution côté trésorerie ", estime-t-il.

Avant / après

La réflexion doit être encore plus approfondie, et responsable, en ce qui concerne les fournisseurs. " Il y a fort à craindre que certaines entreprises fassent des choix entre leurs fournisseurs stratégiques et ceux qui le sont moins. Cela ne pourrait que crisper l'économie dans son ensemble ", s'alarme Karim Lasri. Et même si la solidarité est souvent de mise, les entreprises sont conscientes du risque : depuis le début de la crise Covid, elles auraient divisé par six le délai de mise en recouvrement selon la start-up Rubypayeur, plateforme digitale de recouvrement de créances.

Quels que soient les choix opérés, l'expert-comptable Jérôme Grellie en est certain : " En matière de trésorerie, il y aura un avant et un après coronavirus. Il est probable que les entreprises, de façon globale et dans la mesure du possible, en tirent les enseignements en renforçant leur trésorerie afin d'assurer leur solidité financière. "

En attendant, préservez votre trésorerie au maximum, avec des mesures d'économies, de décalages d'échéances et de signature de nouveaux prêts (possiblement garantis par Bpifrance). L'enjeu est primordial : il s'agit bien entendu de survivre à cette crise, mais aussi d'avoir les fonds nécessaires à un redémarrage dès que la situation le permettra.


 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

Chef d'Entreprise Newsletter

Artisans Newsletter

Commerce Newsletter

Event

Event

Event

Les Podcasts de Chef d'Entreprise

Lifestyle Chef d'Entreprise

Artisans Offres Commerciales

Chef d'Entreprise Offres Commerciales

Commerce Offres Commerciales

Good News by Netmedia Group

La rédaction vous recommande

Retour haut de page