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Mediapart, le combat réussi d'une PME qui pense à son avenir

Publié par Pierre Lelièvre le - mis à jour à
Edwy Plenel, cofondateur et président de Mediapart
© Nicolas Serve - Mediapart
Edwy Plenel, cofondateur et président de Mediapart

En une décennie, Mediapart est devenu une référence du journalisme d'investigation et une PME viable. Derrière des enquêtes percutantes, la PME affiche un bilan financier solide construit sur un business model simple mais porteur. Un enjeu pour perpétuer le titre et se développer.

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C'est l'histoire d'un combat pour le pluralisme et l'indépendance de la presse qui cache l'une des plus belles réussites entrepreneuriales françaises du secteur des médias. Mediapart, connu pour ses investigations et ses enquêtes, n'en reste pas moins une entreprise de médias en ligne rentable. Dix ans après sa création, elle réalise 13,7 millions d'euros de chiffre d'affaires, en hausse de 20 % sur un an, et peut se targuer de dégager plus de deux millions d'euros de résultat net l'an passé.

Un bilan d'autant plus probant que le modèle de Mediapart est osé. Ses fondateurs ont fait le choix de ne compter que sur leurs abonnés, au nombre de 151 000 en avril 2018. Autrement dit, n'être redevable qu'auprès d'eux, se passant de revenus publicitaires et de subventions. "En 2008, nous avons fait le pari d'une information payante, sans publicité, non formatée, créatrice de lien avec le lecteur. On a contredit tout le modèle dominant de l'époque en établissant une relation de confiance avec le public", insiste Edwy Plenel, cofondateur et président de Mediapart.

L'autre atout du média s'incarne dans la personnalité médiatique de celui qui est devenu son meilleur VRP. Un style, une moustache et un militantisme en faveur de l'indépendance de la presse qui personnifie et illustre à lui seul - ou presque - l'ensemble du titre. "Avant d'être un journaliste pour Mediapart, je suis surtout un chef d'entreprise, fait-il remarquer. Je voulais montrer qu'avec du journalisme on peut créer de la valeur et du profit tout en créant des emplois". Un objectif semble-t-il atteint puisque l'entreprise est profitable depuis 2011 avec "un taux de profit unique de 16 % et une trésorerie, saine, supérieure à 6 millions d'euros".

Mediapart en chiffres :

13,7 millions d'euros, en hausse de 20 % sur un an, c'est le chiffre d'affaires 2017 de l'entreprise.

2,2 millions d'euros de résultat net en 2017. Une part est réinvestie et partagée pour l'intéressement des salariés. Une autre est dédiée à la prise de participation dans des médias locaux indépendants.

151 000, il s'agit du nombre d'abonnés à Mediapart en avril 2018. Un chiffre qui a plus que doublé depuis 2012.

89 % c'est la part de salariés en CDI dans l'entreprise au 31 décembre 2017.

3 267 000 Le nombre de followers de Mediapart sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Youtube, Instagram et Mediapart Live).

Sanctuariser le capital

Pour Edwy Plenel, l'indépendance et le pluralisme de la presse sont un combat. Mediapart s'engage donc auprès d'autres titres au travers de prise de participation "de l'ordre de 10 %". Avec Médiacités (Lille, Lyon, Toulouse et Nantes), Marsactu (Marseille) ou InfoLibre (Espagne), la PME n'hésite pas à "s'engager en région et à l'étranger pour servir et essaimer la presse indépendante et pluraliste".

Mais ils forment surtout l'autre priorité de l'équipe de 85 salariés. Majoritaires à 62 %, les fondateurs, les salariés et la Société des Amis de Mediapart - qui fédère des particuliers investisseurs - souhaitent engager la transmission du titre avec un défi : "sanctuariser l'indépendance de Mediapart". L'autre partie du capital est détenue par Doxa et Ecofinance, deux entreprises du secteur des nouvelles technologies. En cours d'étude, le modèle pourrait se dessiner au travers d'une Scop ou d'un fonds de dotation, structure juridique créée en 2008 pour les organismes d'intérêt général dans le domaine culturel. "Sur ce schéma souple financièrement et juridiquement, nous souhaiterions créer un fonds qui reprenne 100 % de Mediapart, pour le rendre incessible et inviolable", explique-t-il, avec la préoccupation pour l'équipe en place d'assurer une "transmission sans crainte". Reste à obtenir l'accord de l'administration.

En attendant de trouver le schéma idéal, l'équipe de Mediapart avance et complète son offre éditoriale. "Développer le contenu va de soi, il y a de nouveaux champs à aborder comme l'environnement que l'on a récemment lancé ou la santé", précise Edwy Plenel. Mais le vrai enjeu de développement, c'est le multimédia avec le lancement à la fin de l'année d'une Mediapart TV.

"Ce ne sera pas une télé à proprement parler. Nous faisons déjà des lives hebdomadaires et des émissions enregistrées. L'idée est d'utiliser tous les contenus que nous avons déjà et de les diffuser via les opérateurs, les box et une application dédiée. L'objectif consiste à fédérer nos abonnés, l'audience de notre Club (4,7 millions de visiteurs uniques par mois) pour atteindre un troisième public dans une sorte d'université populaire", détaille-t-il, précisant que la monétisation du dispositif est encore à l'étude. Un moyen de faire valoir, encore et toujours, que "l'indépendance et l'information ont un prix".

Société éditrice de Mediapart
Média d'enquête et d'investigation en ligne
François Bonnet, 59 ans, Laurent Mauduit, 63 ans, Edwy Plenel, président, 65 ans et Marie-Hélène Smiéjan, directrice générale.
SAS > Création en 2008 > Paris > 85 salariés
CA 2017 : 13,7 M € / RN 2017 : 2,2 M €


 
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