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Eric Leandri, CEO de Qwant : "Je veux créer un géant du B to C européen"

Publié par Julien van der Feer le | Mis à jour le
Eric Leandri, CEO de Qwant : 'Je veux créer un géant du B to C européen'

Éric Leandri est le cofondateur et p-dg de Qwant, le moteur de recherche européen voulant prendre des parts de marché à Google. Il vient de lever 18,5 millions d'euros et dévoile ses ambitions, notamment l'importance de créer des géants européens du B to C.

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Qu'est-ce que Qwant.com ?

C'est un moteur de recherche B to C français à l'origine et désormais européen. Nous affichons les résultats des recherches de façon neutre car nous ne traquons pas les utilisateurs et nous ne gardons pas leurs données. En clair, nous ne mélangeons pas leurs derniers clics aux résultats de nos algorithmes. Nous agrégeons aussi le web social, c'est-à-dire Twitter, les données de Facebook ou les commentaires dans YouTube, pour faire remonter les meilleurs résultats.

Enfin, nous gérons l'ensemble de nos infrastructures et elles se situent toutes en Europe. Nous sommes une petite alternative, qui grandit tous les jours, aux moteurs américains.

Affichez-vous clairement que vous ne traquez pas les internautes ?

Il y a un petit texte, mais nous ne l'affichons pas en grand. Nous sommes un moteur éthique au sens large. Par exemple, nous compensons nos émissions de carbone et nous sommes partenaires du salon des Solidarités. Mais nous ne communiquons pas dessus car le plus important, c'est notre technologie.

Notre moteur de recherche est efficace, nous créons notre propre algorithme et nos index. Et si 40 millions de personnes ont utilisé Qwant en mai 2017, c'est parce que notre technologie fonctionne très bien.

Pouvez-vous nous donner des chiffres sur Qwant ?

C'est 2,6 milliards de requêtes en 2016 et nous allons dépasser allègrement les 3,8 milliards cette année. Nous visons 5 à 10 % du marché des moteurs de recherche en Europe. Ça paraît peu, mais ça représente tout de même un potentiel de 2,5 milliards d'euros. Nous avons aujourd'hui 68 collaborateurs mais nous serons 80 à fin juin, puis 150 d'ici la fin de l'année et 250 en 2018. Nous sommes situés à Paris pour la direction et le marketing, à Nice pour l'ingénierie et à Rouen pour la sécurité et l'infrastructure. Nous venons d'ouvrir une entité à Berlin où nous avons deux collaborateurs, et nous ouvrons une structure en Italie. Le but est d'avoir trois à quatre entités en Europe.

Quel est votre business model ?

C'est celui de l'affiliation. Nous affichons des publicités en fonction des recherches des internautes. C'est un vieux business model et il a fait ses preuves. La différence avec les moteurs qui traquent les internautes, c'est que nous ne revendons pas de données et que nous nous privons de revenus supplémentaires.

Cela dit, chez Google, l'affiliation à l'ancienne représente à peu près 60 milliards sur 80 milliards de dollars de chiffre d'affaires, soit 80 % de leurs revenus.

Vous venez de lever 18,5 millions d'euros, quels sont vos projets à court terme ?

Nous voulons accélérer en France et en Allemagne car ces deux pays cumulés comptent 160 millions d'utilisateurs potentiels. Les prochaines étapes seront de grandir en Espagne, Italie, Suisse, Pays-Bas et Belgique. Nous misons aussi sur Qwant Junior, la version pour les enfants de notre moteur de recherche. En France, 2,6 millions d'enfants l'utilisent et nous venons de le lancer, avec succès, au Canada.

Comment en vient-on à s'attaquer à Google ?

Avant 2010, je ne me serais jamais attaqué à ce marché. Il y a dix ans, c'était vraiment du David contre Google. La firme américaine était la seule à pouvoir gérer autant de péta-octets de données grâce à ses infrastructures. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas car l'Open Source s'est grandement amélioré grâce à l'avènement du big data. Désormais, il est possible de reproduire des infrastructures de géants avec des moyens plus modestes.

Surtout, en 2011, quand Larry Page remplace Eric Schmidt à la tête de Google, il change de stratégie et explique que Google n'est plus un moteur de recherche mais un univers. Il arrête d'indexer le social web et crée Google+. Avant, tout ce qui arrivait sur le Web était indexé par Google. Et si vous n'étiez pas sur Google, vous n'étiez nulle part.

Aujourd'hui, c'est totalement différent. Google crée des verticales, comme Google Shopping, Google Maps, Google vidéo - qui est devenu YouTube - ou Google Travel. Et dans ces verticales, il place ses produits en premier. C'est à partir de ce moment précis que nous nous sommes dit qu'il y avait une place à prendre en ouvrant le Web de nouveau.

Souvent, les outsiders qui perturbent le marché finissent par se faire racheter. N'est-ce pas un risque ?

Non, avec mes associés, nous nous sommes organisés dès le début pour éviter cet écueil. Notre ambition est de créer des emplois et de prouver qu'il est possible de faire du B to C en Europe. En 2011, ce n'était pas du tout le cas. Toutes les entreprises technologiques faisaient du B to B. Le but était d'investir un million d'euros dans une structure pour la revendre le plus vite possible 20 millions d'euros.

Mais si nous ne faisons pas de B to C en Europe, nous ne serons jamais capables de créer des géants qui pourront embaucher, investir et amener de la croissance. Le B to C est le fondement des États-Unis et le devient en Chine avec un acteur comme Alibaba. Il faut que nous ayons cette même ambition.

Mais l'Europe est une somme de marchés où tout le monde ne parle pas la même langue...

C'est amusant car le frein n'est pas là. La France et l'Allemagne, c'est 160 millions de personnes avec seulement deux langues à parler, voire trois si vous rajoutez l'anglais pour faciliter les échanges. Ce n'est donc pas compliqué. En plus, leur pouvoir d'achat en ligne est très élevé, comparable à celui des Américains qui vivent sur les côtes Est et Ouest.

Le vrai problème de l'Europe est culturel. Nous avons des a priori mutuels. Les Allemands vont penser que les technologies françaises sont design mais moins performantes. À l'inverse, les Français pensent que les technologies allemandes sont costaudes mais pas intuitives. Il faut donc apprendre à travailler tous ensemble pour devenir vraiment européens.

 
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