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5 entrepreneurs qui cartonnent après avoir connu l'échec

Publié par Marion Perroud le

Denys Chalumeau, Bertile Burel, Olivier Remoissonnet, Catherine Barba et Nicolas Doucerain ont traversé le pire pour rebondir dans de nouveaux projets. De leurs déboires, ces entrepreneurs ont fait une force. Voici leur histoire.

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Denys Chalumeau, ex-dirigeant de Promovacances et SeLoger.com

" Perdre Promovacances a été une chance extraordinaire "

Été 2001. Denys Chalumeau dirige depuis près de dix ans un groupe florissant de 250 salariés, boosté par le développement éclair de son portail Promovacances, qui propose des offres packagées de voyages à prix réduits. Le chef d'entreprise est sur le point de finaliser la vente du site -alors valorisé 30 M€- lorsque surviennent les attentats du 11 septembre.

"Le soir-même, mon DAF m'informe que nous pourrons régler les salaires de septembre mais pas ceux d'octobre. Nous avons tout de suite ouvert une procédure de mandat ad hoc, le temps de trouver une solution." Avec une dette fournisseur de plusieurs millions d'euros, l'entrepreneur n'a d'autre choix que de vendre Promovacances pour un euro symbolique.

"Heureusement, nous n'avons pas eu à repartir de zéro. Depuis 1995, nous développions en parallèle le site d'annonces immobilières SeLoger.com dont l'activité n'avait pas été impactée par les événements." Denys Chalumeau est toutefois contraint de se séparer d'une trentaine de salariés pour retrouver une stabilité financière. Pour financer ce plan de licenciement de l'ordre de 1 M€, il doit aller jusqu'à vendre sa résidence secondaire, faute de soutien de ses investisseurs.

Il ne le regrettera pas. "Avec SeLoger.com, les marges étaient trois à quatre fois supérieures à celles de Promovacances, sur un marché beaucoup plus stable. Après notre entrée en Bourse, le groupe Axel Springer a racheté SeLoger.com en 2010, via une OPA amicale sur une valorisation de plus de 630 M€ ! Au final, perdre Promovacances a été une chance extraordinaire !" Après s'être improvisé business angel un temps, il revient sur le devant de la scène en tant que cofondateur de deux start-up (SeFaireAider.com et Openoox). Échec ou pas, le virus de l'entrepreneuriat n'est pas près de le lâcher.

Bertile Burel, cofondatrice de Wonderbox

" Entre la France et les États-Unis, il a fallu faire un choix "

Lorsqu'ils créent leur société de coffrets cadeaux Wonderbox en 2004, Bertile Burel et son mari James Blouzard voient grand dès le départ. Plutôt que de développer leur offre à travers l'Hexagone uniquement, ils décident d'attaquer de front le marché américain et français.

"Nous avons persévéré pendant au moins deux ans. Mais, entre les allers-retours perpétuels, le décalage horaire et l'état catastrophiques de nos finances, nous n'arrivions plus à tenir. Aucune des deux activités n'était rentable. Quand je suis tombée enceinte, il a fallu faire un choix pour stopper l'hémorragie", raconte l'entrepreneuse. Ce sera celui de la France, marché plus installé, jugé moins risqué d'un point de vue financier.

Le couple se résout, la mort dans l'âme, à licencier la dizaine de salariés de la filiale new-yorkaise. "Ça a été très difficile de lâcher ce rêve mais nous avons pris la bonne décision. Parfois, il ne faut pas aller contre le courant. Cela ne nous a pas empêchés de retourner la même année à l'international car nous avions compris pourquoi cela n'avait pas marché. En cela, je ne vois pas cette expérience comme un échec."

Et pour cause. Aujourd'hui, Wonderbox emploie 320 salariés et est présente en Italie, Belgique, Suisse et Espagne. Après avoir réalisé le quart de son chiffre d'affaires à l'export en 2014, l'entreprise a clôturé l'année 2015 avec un CA de 186 M€ (+11 % par rapport à 2014) et détient plus de la moitié des parts de son marché en France.

Olivier Remoissonnet, repreneur de la Brosserie française

" Je me suis associé à des industriels pour être accompagné par des entrepreneurs "

Aujourd'hui, Olivier Remoissonnet l'admet, "on revient de loin". Avant de reprendre la Brosserie française fin 2012, il ne connaissait rien à l'entrepreneuriat. Lui, occupe alors le poste de directeur industriel de l'usine, détenue par le groupe Duopole. Le dernier fabricant de brosses à dents est à l'époque sur le point de mettre la clé sous la porte malgré la délocalisation de la moitié de son activité en Asie.

"J'ai contacté plusieurs entreprises pour qu'elles rachètent la brosserie mais personne n'était intéressé pour reprendre le flambeau. Je me suis donc lancé avec l'aide de deux industriels (Natta et BVI) qui sont entrés au capital. Cela m'a permis d'emprunter auprès des banques et surtout de bénéficier de l'accompagnement d'entrepreneurs chevronnés, se rappelle le dirigeant. Quand j'ai proposé notre offre de rachat au tribunal de commerce, on nous a tout de même rétorqué que c'était une cause perdue d'avance."

Il faut dire que leur pari est ambitieux : relocaliser l'intégralité de la production en France en préservant sur le savoir-faire multiséculaire de la PME à travers un triptyque : "le client, le produit, les machines". Modernisation de l'appareil de production, investissement dans la formation des salariés, certification des process, innovation, développement commercial, ouverture d'un site e-commerce... Le dirigeant se bat sur tous les fronts pour redresser le cap.

Trois ans plus tard, les premiers indicateurs sont prometteurs. La PME de 29 salariés basée dans l'Oise a réalisé un chiffre d'affaires de 4,8 M€ en 2015 (VS 4,2 M€ en 2013), dont 11% à l'export. L'année dernière, elle a produit 8 millions de brosses à dents distribuées à travers 1 500 enseignes (contre 127 en 2012). De quoi encore se brosser un avenir en France.

Catherine Barba, présidente de CB Group et du Lab PEPS

" Je ne me suis pas assez mise à la place de mes clients "

Catherine Barba, serial entrepreneuse du web, est aujourd'hui installée à New York d'où elle chasse pour le compte de grands groupes les dernières innovations du commerce avec son Lab PEPS (Plein d'expériences pour se réinventer). C'est pourtant dans une activité bien loin du conseil qu'elle a fait ses premiers pas de chef d'entreprise en 2004.

Le modèle de Cashstore, sa galerie marchande en ligne, repose alors sur le système du cashback. Le concept : quand un consommateur passe par le portail pour commander des produits sur l'une des 1200 plateformes e-commerce référencées, il récupère de l'argent. Cashstore prélève pour sa part une commission à chaque achat.

"Au bout de quelques mois, le taux de conversion était minable. J'ai donc passé au crible mon business model en essayant de comprendre ce qui clochait, se souvient Catherine Barba. C'est là que je me suis rendu compte que les sites e-commerce référencés n'étaient pas très incitatifs à l'achat. Je leur ai donc proposé de les conseiller pour améliorer leurs taux de transformation. Et ça a marché ! Avec le recul, je ne me suis pas assez mise à la place de mes clients", analyse-t-elle.

En quelques années, Cashstore grandit pour atteindre une base de données de 500 000 utilisateurs. En parallèle, Malinea, l'agence de conseil du groupe, prospère jusqu'à supplanter le coeur de métier d'origine de l'entreprise. Depuis qu'elle a revendu ces deux activités en 2010-2011, Catherine Barba est consultante indépendante et investit dans diverses start-up. De ses déboires, elle retient une leçon : "La réponse est dans l'action. L'échec ouvre toujours la porte sur quelque chose qu'on aurait jamais pensé réaliser".

Nicolas Doucerain, ex-dirigeant de Solic

" Mon livre a eu l'effet d'une thérapie exceptionnelle "

La lutte aura duré cinq ans. Cinq années durant lesquelles Nicolas Doucerain s'est battu pour sauver son entreprise de conseil en ressources humaines de la faillite. Mais c'est finalement sur une liquidation prononcée en avril 2014 que s'est achevée l'histoire de Solic, victime collatérale de la crise de 2008. À l'époque, l'entreprise jouit d'une trésorerie de deux millions d'euros et emploie 92 salariés avec une croissance sans faille de son chiffre d'affaires depuis plusieurs années.

"Nous avions déjà traversé des crises, mais je n'ai pas anticipé une déferlante aussi violente et rapide de celle-ci. En deux mois, nous avons perdu plus de la moitié de nos contrats", se rappelle, amer, le dirigeant. Le début de la déroute. Plans d'économies, licenciements, dépôt de bilan... Même si l'entrepreneur parvient pendant quelques années à redresser la situation financière de Solic, le poids des dettes se révèle trop lourd sur la durée. De cette expérience traumatisante, il ressort néanmoins grandit, assure-t-il aujourd'hui. L'ouvrage qu'il a rédigé sur le sujet, Ma petite entreprise a connu la crise, y a beaucoup joué.

"Il a eu d'importantes retombées médiatiques. J'ai participé à plus de 80 conférences à travers la France durant lesquelles j'ai rencontré des centaines de chefs d'entreprises, de salariés, de politiques, d'économistes... Cela a eu l'effet d'une thérapie exceptionnelle." Les contacts qu'il a noués au cours de ses interventions lui ont permis de se reconvertir dans le conseil en gestion de crise aujourd'hui, mais pas seulement. Ils ont fait naître chez Nicolas Doucerain l'envie de s'engager encore davantage à travers la politique. Il vient d'être élu président du parti Nous citoyens, le 25 janvier 2016, succédant à un autre entrepreneur de renom, Denis Payre.

Marion Perroud

Marion Perroud

Journaliste

Entre 2012 et 2016, Marion Perroud a suivi, au sein de la rédaction de Chef d’Entreprise, l’actualité des TPE (artisans du bâtiment et [...]...

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