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[Dossier] Reprendre une entreprise: l'alternative entrepreneuriale

Publié par Pierre Lelièvre le | Mis à jour le
[Dossier] Reprendre une entreprise: l'alternative entrepreneuriale
© Choat - stock.adobe.com

La reprise d'entreprise reste peu utilisée par les candidats à l'entrepreneuriat. Pourtant, cette démarche n'a pas que des inconvénients. Histoire, savoir-faire et pérennité d'une activité s'affichent comme des raisons opportunes de se lancer dans l'aventure. Reste à bien maîtriser ce long processus.

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Une reprise sans accroc. Anne Anquetin, actuelle dirigeante de la Passementerie Verrier Paris, témoigne d'un parcours sans improvisation et sans difficulté. En mars 2018, elle signe la reprise de l'entreprise séculaire en passementerie après un processus de dix-huit mois et une vie professionnelle de cadre dans une grande entreprise d'informatique. "Je cherchais à reprendre une activité pertinente en termes de savoir-faire, qui correspondait à mes envies de m'inscrire dans une activité d'embellissement de l'intérieur, se souvient-elle. Le besoin de fabriquer, la quête du concret et l'envie de devenir chef d'entreprise ont aussi guidé ma recherche."

L'entrepreneuriat, plébiscité aujourd'hui à travers la création d'entreprise, ne se résume pas qu'aux start-up. La reprise d'entreprise constitue, dans la dynamique entrepreneuriale, une alternative pertinente à la création. "Reprendre une entreprise, c'est gagner du temps et s'inscrire dans une activité avec une histoire, une existence, estime Brenka Berthoumieux, responsable du service Reprise-transmission à la CCI Paris Ile-de-France. C'est aussi moins risqué que de lancer un projet ex nihilo même si le processus peut être long." En moyenne, un dossier de reprise nécessite entre 18 et 24 mois pour être mené à terme.

Une démarche qu'encourage Bernard Fraioli, président de l'association Cédants-Repreneurs d'Affaires (CRA) : "Il y a beaucoup de bruit autour de la création et assez peu autour de la reprise d'entreprise. Pourtant, reprendre une activité c'est maintenir et développer quelque chose d'existant. Il y a en commun l'esprit d'entreprise".

À l'instar d'Anne Anquetin, ils sont jusqu'à 7 000 à être concernés chaque année en France, selon les estimations de la CCI Paris Ile-de-France, par une reprise d'entreprise. "Le marché est opaque et il est difficile de se rendre compte du nombre exact de reprise d'entreprise", constate Brenka Berthoumieux. Le marché de la cession est en effet particulièrement difficile à appréhender. Si l'Observatoire BPCE estime à 75 000, chaque année, le nombre d'entreprises cédées et transmises, seule une grosse poignée est reprise par un acteur physique externe.

D'autant que le vieillissement de la population va accroître le nombre d'entreprises à venir se positionner sur le marché de la cession. Un tiers des entreprises françaises ont un patron de plus de 55 ans, selon le réseau consulaire. Un chiffre à mettre en regard des 76 % de PME transmises avant les 60 ans du dirigeant, d'après les chiffres de l'Observatoire BPCE.

Cerner le marché

"Le marché de la reprise d'entreprise a ses spécificités. Il y a un fort déséquilibre entre l'offre et la demande, il concentre beaucoup de TPE et une large part de ce marché est cachée. Concrètement, les offres de cession ne sont pas publiquement annoncées", note Jean-Louis Picollo, président de l'Anacofi et de la société Resolvys, spécialisée en cession et transmission de PME. Des difficultés prégnantes lorsque vient le moment de trouver la perle rare. "Le problème du sourcing est la première difficulté à laquelle font face les repreneurs", complète l'expert.

Une situation vécue par Anne Anquetin au moment de dénicher sa cible. "Trouver les dossiers qui donnent envie d'y aller tout en tenant compte de ses contraintes financières est très délicat", estime la gérante de cette entreprise d'une dizaine de salariés.

La recherche d'une cible passe alors par plusieurs axes, tant sur les moyens à mobiliser que sur les critères. Des sites internet réunissant les offres de cessions (places de marché du CRA ou de Bpifrance, etc...) aux réseaux personnels et professionnels à mobiliser pour partager son intérêt à une reprise, aucun levier ne doit être sous-estimé, pas même celui des professionnels de l'accompagnement : CCI, associations, experts-comptables, avocats d'affaires... "Il faut se donner les moyens en amont, chercher partout, être mobile et surtout ne rien négliger", fait savoir l'experte consulaire.

Quitte à prospecter même celles qui n'affichent pas publiquement leur intention de vendre. "Si les annonces existent, c'est que les cédants ont entamé une démarche, précise le président de l'Anacofi. Pour autant, le marché caché oblige à prospecter les entreprises qui ne se sont pas déclarées en cession. Cela veut dire qu'un projet de vente n'a pas été forcément engagé mais que le dirigeant ne l'exclut pas."

Pour sa part, Bernard Fraioli conseille "de multiplier les cibles et passer le marché en revue." Il n'est en effet pas rare d'avoir quatre ou cinq dossiers de reprise par entreprise.

D'autant que si trouver la bonne cible s'avère fastidieux, la démarche passe aussi par la définition et la formalisation d'un projet de reprise cohérent en amont.

Une première étape qui est bien souvent bâclée par les candidats à la reprise, selon les spécialistes. "Une approche qualitative et documentée de chaque entreprise va de pair avec la bonne définition de son projet professionnel de reprise. Il faut d'abord y intégrer les aspirations de son entourage familial, ses forces et ses faiblesses, ses compétences et la valeur ajoutée que l'on souhaite apporter. Ensuite, il faut faire matcher ça avec sa cible", souligne Bernard Fraioli. Un enjeu souvent négligé qui "permet de faire gagner du temps par la suite", estime Brenka Berthoumieux.

 
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