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[Prêt bancaire professionnel] Comment les banques fixent-elles les taux ?

Publié par WeShareBonds le

Le prêt bancaire professionnel demeure à nos jours la source principale de financement des entreprises en France et en Europe.  Cependant, cet outil subit l'action de deux forces antagonistes : la baisse historique des taux et le durcissement de la réglementation. WeShareBonds fait le point.  

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Le fonctionnement d'un prêt bancaire professionnel

L’une des missions d’une banque est de gérer globalement son bilan et de faire en sorte que les flux entrants correspondent aux flux sortants à différentes échéances. C’est ce que l’on appelle la gestion actif/passif. Chaque particulier ou entreprise adopte d’ailleurs ce même principe pour être sûr de pouvoirs payer ses factures à la fin du mois…

Dans le bilan simplifié d’une banque l’on a d’un côté les actifs (ou emplois) qui sont les prêts et les investissements, et de l’autre côté les ressources (ou passifs) qui sont les dépôts de clients, les emprunts réalisés et les fonds propres.

Les banques se financent via leur banque centrale qui est la banque des banques. (soit directement auprès d’elle soit indirectement auprès d’autres établissements).

  • ainsi une banque qui a besoin d’argent pour prêter va emprunter auprès d’autres banques au taux interbancaire ou bien se refinancer auprès de la banque centrale (en mettant des actifs en garantie). Pour cela, la base de taux de base sera le taux interbancaire qui est dérivé « du Taux directeur » fixé par la banque centrale ;
  • à l’inverse une banque qui a un surplus de liquidité peut prêter cet argent. Elle peut aussi le laisser sur son compte de dépôt à la banque centrale. Il sera alors rémunéré au « Taux de dépôt ».

Au final, la banque va fixer le taux de ses prêts en fonction de :

  • son propre taux de financement,
  • une marge en plus en fonction du risque estimé.

La banque va également prendre en compte plusieurs éléments tels que

  • l’historique de la relation commerciale globale existante,
  • la présence ou non de garantie (nantissement ou caution de l’emprunteur),
  • la présence d'une contre-garantie émise par des tiers tels que la BPI par exemple).

Une situation inédite sur les taux

La banque est par ailleurs soumise à quelques contraintes :

  • elle doit à tout moment maintenir des réserves obligatoires (principalement fonction du montant des dépôts de ses clients) sur un compte auprès de la banque centrale. Ce ratio a été rabaissé à 1%
  • pour se refinancer auprès de la banque centrale, elle doit avoir à son bilan en contrepartie des actifs « éligibles »
  • du fait des réglementations dîtes de Bâle I, II et III. Il a été introduit des ratios (renforcés suite à la crise en 2010) de fonds propres minimum obligatoires sur les actifs de la banque pondérés. Ainsi, à montant égal une dette d’État pèsera beaucoup moins qu’un prêt PME dans le calcul du total de bilan. Et les bilans sont régulièrement soumis à des « stress tests ».

Depuis quelques années, il se produit une situation inédite. Afin de relancer l’économie, les taux directeurs et de dépôt sont devenus négatifs. Ce qui implique que les liquidités que vous déposez et qui ne sont pas immédiatement prêtées coûtent de l’argent à votre banque : -0,4%/an !

 

 

 

Par ailleurs la BCE a entamé une politique dite non conventionnelle de « quantitative easing » consistant à racheter massivement de la dette étatique (ou d’acteurs privés) sur le marché secondaire (du fait des traités européens elle ne peut directement financer le déficit d’un État en souscrivant directement sa dette – les OATs). Cela a eu pour effet d’augmenter, la demande et de maintenir des taux d’intérêt très bas voire négatifs.

L’intérêt du crowdlending pour financer les PME et rémunérer l’épargne

En théorie, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les conditions de prêt bancaire professionnel seraient aussi idéales. Certes les taux pratiqués par les banques (elles n’ont pas l’autorisation de prêter à perte) sont souvent bas. Pourtant malgré tout, le déficit de financement des PME et TPE subsiste.

Étant donné la situation sur les taux, l’offre de prêt bancaire professionnel (coût des liquidité inexploité) est souvent actuellement utilisée comme un produit d’appel à des conditions très avantageuses. Cela sert à vendre d’autres prestations et avoir accès aux fameux « flux » du client. Ce traitement n’est pas forcément réservé aux PME qui en auraient le plus besoin.

D’un côté, les liquidités sont abondantes et les niveaux de taux bas. De l’autre, les contraintes de solvabilité pesant sur les banques sont renforcées. Ce qui ne joue pas en faveur des PME :

  • dès lors que le crédit professionnel n’est pas « collatéralisé » et qu’il sort des grandes lignes d’analyse (typiquement les PME) et qu’il contribue à augmenter potentiellement le niveau de risque du bilan les banques se retrouvent souvent démunies.
  • le prêt bancaire professionnel est un produit complexe pour financer des actifs autres que matériels . La règle est trop souvent de demander une contrepartie (caution ou garantie). En effet, prendre un nantissement ou une contre-garantie impactera positivement le ratio de Bâle.

Enfin les PME ont besoin de financement toute l’année et souvent rapidement. La pratique concrète de la relation bancaire, avec ses revues annuelles des engagements et des enveloppes globales n’aide pas forcément. Cela explique sans doute l’intérêt des acteurs bancaires pour le secteur du financement participatif (la Banque Postale est ainsi actionnaire de WeShareBonds)

Joindre l'utile à l'agréable

Côté investisseurs, si l’on considère que la politique accommodante de la BCE a surtout fait gonfler le prix des actifs, et que les produits dits sans risque (Livre A, assurance-vie) ne rapportent quasiment plus rien hors incitation fiscale, le crowdlending peut-être un outil très adapté pour placer son épargne sans frais et de manière diversifiée. Avec un objectif de rendement de 4% à 8% tout en investissant dans les PME et soutenant l’économie réelle.

Côté PME, c’est une solution rapide et flexible, qui fonctionne toute l’année. Cet outil n’est pas contraint par des ratios prudentiels tels que Bâle III. Il peut aussi se permettre de financer des actifs immatériels en complément des solutions traditionnelles.

Avec la remontée des taux qui a déjà commencé aux Etats-Unis, l’émergence du crowdfunding pourrait être un instrument très utile pour stabiliser à terme l’offre de crédit aux PME.

Retrouvez cet article sur le blog de WeShareBonds la plateforme de prêt aux entreprisesPrêt bancaire professionnel, comment les banques fixent-elles les taux ?

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